Algérie

Hakim Laâlam fume du thé avec ses lecteurs de Annaba



La salle de spectacles de l'Institut français de Annaba (anciennement Centre culturel français) était exiguë ce jeudi après-midi pour contenir autant de monde venu voir et discuter sans modération avec Hakim Laâlam, chroniqueur au quotidien Le Soir d'Algérie.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, Hakim Laâlam a tenu à rendre hommage à l'un des pionniers du journalisme algérien, Aziz Rahmani, décédé dans la nuit de mercredi à jeudi à Constantine. Dès l'annonce de cette triste nouvelle, les présents ont tenu à observer une minute de silence à la mémoire de feu Aziz. Dans sa présentation du Fumeur de thé, Djamel Marir, responsable des activités culturelles de l'institut de Annaba, s'est dit honoré d'accueillir un homme au long courrier journalistique. «Hakim Laâlam est certes un chroniqueur avéré mais il est aussi un artiste qui a beaucoup de talent», a affirmé Marir. Dès sa prise de parole, l'auteur de «Pousse avec eux» est assailli de questions. La première a trait aux sources d'inspiration pour un chroniqueur d'un quotidien. «Il y a un foisonnement de sens inversé. Ceux qui tissent le cauchemar sont légion. Il suffit juste de regarder autour de soi. En plus, j'ai un journal qui me donne l'occasion de le faire, surtout quand on a des pulsions à transmettre. Et puis, les cinq actionnaires du Soir d'Algérie sont des journalistes professionnels, avant d'être patrons», fait remarquer Rédha Belhadjoudja, alias Hakim Laâlam. Interrogé sur ses démêlés avec la justice pour l'unique «crime» pour lequel sont poursuivis les journalistes (la diffamation), Hakim Laâlam, qui est passé nombre de fois, souvent embarqué avec son directeur de publication, devant le juge, regrette une seule chose : l'amnistie dont il a bénéficié en 2006 au même titre que les égorgeurs de femmes et d'enfants. «C'est ce qui me froisse encore.» Concernant sa célèbre phrase par laquelle il termine sa chronique, il dira : «C'est l'extrême bonheur, l'extase de fumer le thé.» Il évoquera la raison de son licenciement de la radio à 5h du matin d'un certain jour de l'année 2002. «Parce que je tenais à mes chroniques et ne voulais pour rien au monde y renoncer.» À propos des chroniques, il soulignera que «c'est le meilleur moyen pour rester éveillé au cauchemar qui continue». C'est parce qu'on n'a pas pris au sérieux les dangers qui s'annonçaient à la fin des années 80 début 90 que le peuple a payé le lourd tribut provoqué par les tangos, signale une dame d'un certain âge présente à cette rencontre conviviale. «Tout a fait», lui rétorque Hakim Laâlam pour qui «on a expurgé ce pays de sa substance et on nous dit aujourd'hui que nous allons avoir des élections libres et qu'il faut respecter les résultats qui y sortiront. C'est un non-sens». Revenant au foisonnement des titres de la presse écrite, l'invité de l'Institut français exprime sa satisfaction quant à leur nombre actuel (88 titres) dont les premiers sont nés il y a un peu plus de 20 ans. Cependant, il ne manquera pas de se démarquer de ceux dont la ligne est rétrograde. «Je ne peux être d'accord avec un canard qui déforme les prismes sur la femme. Heureusement que ces derniers représentent une minorité.» À la question de savoir le pourquoi de sa chronique du mercredi 18 janvier, où il exprime une certaine lassitude et va même jusqu'à évoquer des envies d'arrêter tout et de se retirer, il reconnaîtra qu'après la publication par des quotidiens nationaux d'un certain sondage arabo-américain sur les soi-disant «préférences islamistes » des Algériens, on est en droit de se demander si ça vaut le coup de continuer. Mais il reprend tout de suite après pour dire : «Dans le vie, il faut se déterminer. Le voile est un déni de la femme. Moi, je n'interdis à personne de porter le voile. C'est son choix. Mais je n'accepte jamais qu'on l'impose à quiconque. J'ai choisi mon camp depuis longtemps déjà», soulignera avec force l'auteur de «Pousse avec eux», «Le nez et la perte», «Enseignes en folie» et «Les chroniques journalistiques ». Avant de prendre congé de son auditoire, Rédha avouera qu'être invité par un institut étranger alors qu'il ne l'a jamais été par une structure culturelle nationale lui fait ressentir un pincement au cœur…


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