Revenant sur sa déclaration du 18 décembre dernier dans laquelle il a annoncé considérer que l'accord politique de Skhirat est arrivé à son terme et avec lui le mandat de toutes les institutions libyennes qui en découlent, l'homme fort de l'Est libyen le maréchal Khalifa Haftar s'est fendu d'une nouvelle déclaration jeudi passé pour faire savoir qu'il « appuie » la tenue d'élections en Libye en 2018 conformément au calendrier politique fixé au pays par l'ONU et approuvé par la communauté internationale. Par la même occasion il a rejeté les « allégations tendancieuses » qui l'accusent de vouloir s'opposer à une solution politique en Libye et lui prêtent l'intention de préparer un coup d'Etat et instaurer une dictature militaire.La communauté internationale à laquelle en fait Khalifa Haftar a destiné sa déclaration de jeudi a accueilli avec suspicion l'annonce de son appui au processus électoral tant il l'a assorti de la menace implicite qu'il n'en accepterait pas les résultats s'ils ne seraient pas « probants » de son point de vue. Pour les observateurs, la concession faite par l'homme fort de la Libye ne serait qu'écran de fumée destiné à désarmer les préventions internationales que suscite sa volonté à laquelle il ne renonce pas d'accéder au pouvoir suprême en Libye en éliminant toutes les forces locales qui s'y opposent. Selon ces milieux, il faut s'attendre de sa part à ce que tout en ayant fait mine de se rallier au principe de la tenue d'élections en 2018, Khalifa Haftar va accentuer la pression militaire et politique sur le gouvernement d'union nationale (GNA) et les milices qui le soutiennent et leur crée une situation qui les contraindrait à déclarer l'impossibilité de la tenue d'élections. Ce dont il se prévaudra pour se présenter comme étant le seul à même de mettre fin au chaos dans lequel la Libye se débat.
Politiquement, Khalifa Haftar a donné pour stratégie à ses partisans d'organiser des manifestations censées démontrer le soutien populaire dont il bénéficie dans le pays et d'empêcher celles dont ses adversaires prendraient l'initiative. C'est à créer cette impression que ses partisans ont manifesté mercredi dernier dans plusieurs villes de l'est du pays en l'appelant à diriger la Libye. Ces mêmes partisans ont saccagé récemment des centres électoraux donnant à comprendre que ce n'est pas par les élections qu'ils escomptent voir leur « héros » arriver au pouvoir.
Militairement, Khalifa Haftar dont les troupes ont pris le contrôle de Benghazi compte pousser son avantage et avancer vers Tripoli où est basé le gouvernement d'unité nationale (GNA), certain que les milices qui appuient celui-ci sont en infériorité en armement aux forces qui lui sont fidèles qui bénéficient, elles, de la fourniture de celui-ci par des Etats qui misent sur la victoire militaire de son camp. Haftar ne déclarera pas bien sûr la guerre ouverte au GNA et aux milices qui le défendent mais prétextera pour avancer vers Tripoli la menace que constituerait le « retour en force » dans le pays de Daech.
Il a été suggéré que Khalifa Haftar a fait sa concession sur la tenue des élections en 2018 en Libye pour ne pas être déclaré responsable de l'impasse politique dans laquelle est son pays et après avoir été fermement convié à la faire par Jean-Yves Le Drian qui lui a rendu visite à Benghazi à cet effet. Mais tout le monde est unanime à ne voir dans son prétendu revirement que ruse de guerre destinée à lui donner le temps nécessaire de créer une situation qui rendrait utopique le principe de la tenue en Libye d'élections pour mettre en place les institutions disposant du pouvoir d'Etat. C'est pourquoi ce serait un miracle que 2018 verrait la fin de la crise libyenne.
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Posté Le : 31/12/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kharroubi Habib
Source : www.lequotidien-oran.com