Algérie

Haftar de plus en plus isolé



Certes, le processus politique en cours en Libye est fragile, en raison notamment des ingérences étrangères. Mais le fort soutien interne au dialogue de paix onusien demeure le seul moyen d'éviter une nouvelle escalade militaire dans ce pays.Après l'Egypte qui a décidé de renouer de nouveaux liens avec le Gouvernement d'union nationale (GNA) de Tripoli, c'est au tour de la France d'observer une position assez claire vis-à-vis du général Khalifa Haftar, qu'elle a appelé lundi à "s'abstenir de toute reprise des hostilités", a indiqué un communiqué du Quai d'Orsay.
"Il n'y a pas de solution militaire en Libye", soutient Paris face au risque d'une escalade militaire dans ce pays, où des mouvements de l'Armée nationale libyenne (ANL) de Haftar ont été signalés ces derniers jours, et après les menaces proférées par ce dernier contre la présence turque à Tripoli, en soutien au GNA. "La priorité va à la mise en ?uvre de l'accord de cessez-le-feu du 23 octobre 2020, qui prévoit le départ des forces et des mercenaires étrangers, ainsi qu'à la poursuite du processus politique sous l'autorité des Nations unies", a ajouté un porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères.
Accusée par le GNA de soutenir le controversé général, la France semblerait décidée de se débarrasser d'un personnage devenu également encombrant pour ses propres soutiens internes, dont le président du Parlement Aguila Salah, lui-même sur la corde raide. L'effort investi par les députés de l'Est libyen, qui veulent évincer Aguila Salah et unifier la Chambre des représentants, constitue aussi un coup pour la logique va-t'en guerre de Haftar, qui continue tout de même à bénéficier du soutien intéressé des Emirats arabes unis et qui n'est pas totalement lâché par le voisin égyptien, qui craint pour sa sécurité interne, avec les 1 115 km de frontières qu'il partage avec la Libye.
Certes, le processus politique en cours en Libye est fragile, en raison notamment des ingérences étrangères. Mais le fort soutien interne au dialogue de paix onusien demeure le seul moyen d'éviter une nouvelle escalade militaire dans ce pays et pèse lourdement sur l'équilibre politique qui est en train de se mettre en place, en Libye. Aujourd'hui, même si Haftar pourrait en effet se prévaloir de l'appui de la Russie, qui cherche à renforcer sa position sur le continent africain et autour du bassin méditerranéen, sans l'appui interne des tribus libyennes et l'onction des principaux membres de la communauté internationale, il ne pourra pas gagner sa guerre politico-militaire.
La volonté affichée par les Libyens, bien qu'ils restent divisés sur certaines questions politiques et techniques de sortie de crise, l'a affaibli, le faisant paraître comme le dernier acteur de cette guerre qui cherche à prendre le pouvoir par la force des armes. De même pour sa rhétorique guerrière contre la présence discutable turque en Libye, dans le cadre d'un accord conclu avec les autorités légitimes du GNA.

Lyès Menacer


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