Algérie

Haftar bloque de nouveau la production pétrolière



Aculé militairement, après avoir subi plusieurs défaites contre le GNA, Haftar semble jouer l'une de ses dernières cartes dans la guerre qu'il mène contre Tripoli, avec le chantage pétrolier, principale source de revenus en Libye.Vingt-quatre heures à peine après l'annonce par la société nationale libyenne du pétrole (NOC) de la reprise de la production pétrolière, l'armée du général Khalifa Haftar a déclaré le maintien de la fermeture des sites de production "jusqu'à ce que les demandes et les revendications du peuple libyen soient satisfaites", selon un communiqué du porte-parole de l'Armée nationale libyenne (ANL), Ahmed al-Mismari.
Une déclaration qui s'apparente à un chantage à peine voilé contre le Gouvernement d'union nationale de Tripoli qui a alerté ces derniers jours sur des pertes s'élevant à près de 7 milliards de dollars en raison de la fermeture des champs pétroliers contrôlés par les troupes de Haftar. Vendredi, la (NOC), basée à Tripoli, a estimé "urgent" la reprise de la production et des exportations de pétrole en Libye après environ six mois de blocage lié au conflit dans le pays. Une semaine auparavant, le PDG de la compagnie nationale libyenne a prévenu contre "des conséquences désastreuses" sur la vie des populations libyennes, dont la ressource principale reste le pétrole.
La compagnie de pétrole libyen a également fait état de ses vives "inquiétudes" après que des "mercenaires employés par la société russe Wagner et des milices étrangères aient pris le contrôle de plusieurs installations pétrolières et aéroportuaires empêchant ainsi la reprise de la production et l'exportation du pétrole libyen". Conformément aux dispositions actuelles soutenues par les Nations unies, la société nationale NOC est chargée de la production et de l'exportation et du transfert des revenus vers la banque centrale libyenne de Tripoli pour ensuite financer les organismes du secteur public et les salaires des fonctionnaires dans toutes les régions du pays. Mais pour le porte-parole de l'armée dirigée par Haftar, les recettes du pétrole libyen servent, selon lui, à financer "des mercenaires et des milices terroristes".
Dans son communiqué, Al-Mismari a exigé à ce que "ces recettes soient placées sur un nouveau compte bancaire à l'extérieur du pays pour être réparties entre les régions afin qu'elles ne financent pas des terroristes et des mercenaires". Il a en outre demandé à ce que la banque centrale fasse "un bilan financier de ce qui a été dépensé auparavant".
Aculé militairement, après avoir subi plusieurs défaites militaires contre le GNA, Haftar semble jouer l'une de ses dernières cartes dans la guerre qu'il mène contre Tripoli. Avec le contrôle de la quasi-totalité des champs pétroliers du pays, le général dissident utilise l'or noir libyen comme un moyen de pression sur son rival Fayez al-Serraj.
Il faut rappeler à ce propos qu'à la veille de la conférence internationale de Berlin sur la Libye, en janvier dernier, Haftar n'a pas hésité à fermer les robinets des champs pétroliers, dans une forme de chantage direct contre le GNA. Même les appels de la communauté internationale à la reprise de la production pétrolière libyenne ne semblent pas fléchir les positions de Haftar, décidément prêt à tout pour renverser le rapport des forces en sa faveur et par-là même garantir les intérêts de ses soutiens étrangers en Libye.
Karim Benamar


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