Algérie

Hafsia Herzi réalise un portrait délicat d'une femme dans les cités de Marseille


L'actrice Hafsia Herzi, révélée dans La graine et le mulet d'Abdellatif Kechiche, en 2007, avant de multiplier les rôles puis de réaliser un premier long métrage il y a deux ans, transforme l'essai à Cannes avec Bonne Mère, pour lequel elle a puisé dans ses souvenirs d'enfance, dans les cités de Marseille. Le film livre le récit sensible des difficultés d'une mère de famille dans un grand ensemble de la cité phocéenne. Présenté dans la section Un certain regard, il sort en salles en France le 21 juillet. Bonne Mère, surnom de la basilique Notre-Dame-de-la-Garde qui domine Marseille, suit Nora (Halima Benhamed, pour la première fois au cinéma) qui élève seule ses enfants et petits-enfants. Elle cumule les emplois et les soucis, notamment celui d'un fils aîné en détention pour lequel elle doit payer un avocat.Ce portrait pudique restitue aussi le bouillonnement de la cité portuaire et son art de la débrouille à travers des dialogues et de nombreux personnages pleins de mordant.
«Dans les quartiers nord de Marseille, il y a beaucoup de mères seules, de mères isolées et j'avais envie de rendre hommage à ces femmes», confie la réalisatrice de 34 ans, elle-même élevée par une mère laissée seule avec quatre enfants. «Les femmes portent beaucoup sur leurs épaules», dit-elle.
Le tournage a été réalisé dans la cité en prise avec le trafic de drogue où la réalisatrice a grandi, et où elle conserve des liens avec exclusivement des acteurs non professionnels : «pour moi, c'était une évidence (...) pour apporter de la crédibilité à l'histoire» et «montrer des visages qu'on n'a pas l'habitude de voir au cinéma».
Les exigences en ont été redoublées. Il y a eu beaucoup de répétitions, de liens humains à nouer et de travail du cadre avant de pouvoir filmer, le plus souvent en une seule prise.
Une démarche en écho avec le propre parcours de Hafsia Herzi : elle a elle-même démarré à l'écran sans formation, dans La graine et le mulet (2007) d'Abdellatif Kechiche, qui lui a valu un prix à Venise puis un César du meilleur espoir féminin, et a lancé sa carrière.
La trentenaire est passée réalisatrice il y a deux ans avec Tu mérites un amour (2019), une comédie romantique tournée avec peu de moyens sur la jeunesse parisienne d'aujourd'hui, où elle tenait le rôle principal, bien accueillie par la critique. Pour la suite, elle hésite : «J'aimerais beaucoup tourner à nouveau à Marseille mais pas tout de suite. La mise en scène, c'est tellement dur psychologiquement et physiquement, il faut être inspiré, y croire.»
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)