Algérie

Hadjout, un cas à méditer : La vie dans deux nouvelles cités racontée par leurs habitants



Hadjout, un cas à méditer : La vie dans deux nouvelles cités racontée par leurs habitants
Les 309 logements LSP et 500 logements sociaux, communément appelés «cité Fades», sont deux cités qui se trouvent à  Hadjout, dans la wilaya de Tipasa, ces cités sont de construction récente, la date de leur livraison ne dépasse pas une année. Et pourtant, nombreuses sont les familles bénéficiaires d'un appartement qui ont eu recours à  des travaux d'intérieur, non pas, comme le soulignent quelques bénéficiaires, pour davantage de confort, mais tout simplement afin de refaire les finitions et changer les installations qu'ils jugent de mauvaise qualité. «J'étais sincèrement l'homme le plus heureux au monde lorsqu'on m'a remis les clefs de mon logement. Je me disais ; après tant d'années d'attente, j'ai enfin ma propre maison où je peux mettre ma famille à  l'abri et vivre dignement, loin de toute angoisse. Seulement, une fois la liesse passée, je me suis rendu compte qu'il fallait que je réalise des travaux supplémentaires pour que mon F3 soit en quelque sorte habitable», se rappelle Mohamed E., un bénéficiaire d'un des 500 Logements de la cité Fades. A l'instar de ses voisins, dont la plupart a été relogée à  la cité Fades, suite à  une opération RHP (résorption de logements précaires), les travaux de réaménagement ont débuté par la porte d'entrée des appartements, et ce, afin de faire face à  d'éventuelles intrusions indésirables. «Avant que ma famille occupe le nouvel appartement au mois de juillet 2010, j'ai installé une porte métallique à  l'entrée, et ce, pour nous sentir en sécurité. Malheureusement, ce n'était que le début du chantier, puisqu'il fallait procéder à  d'autres travaux à  l'intérieur», confie-t-il. Une fois donc la sécurité renforcée, Mohamed s'est attaqué au plancher. «J'étais obligé de faire appel à  un artisan pour qu'il procède au ponçage du carrelage qui n'était pas au même niveau. Ensuite, pour soutenir le cadre des volets des balcons, j'ai été obligé de faire appel à  un menuisier, vu que les persiennes ont été scellées à  l'aide de quelques chutes de bois, rien de plus. Pour rester dans la boiserie, les fenêtres ont été fabriquées d'un bois de qualité mauvaise, dont la solidité face à  l'usure laisse vraiment à  désirer», constate-t-il. Pour son voisin, les malfaçons ou les manquements ne s'arrêtent pas à  ce stade. «Pour éviter les fuites, j'ai installé une nouvelle conduite de plomberie et changé la robinetterie de la salle de bain et de la cuisine», souligne-t-il. Avant que Mohamed ajoute : «Pour assurer une intimité à  ma famille et afin de bien accueillir mes hôtes, je pense sérieusement, dès que mes moyens financiers me le permettront et comme l'ont fait un bon nombre de mes voisins, à  ériger une cloison pour séparer la salle de séjour du reste des pièces de l'appartement. En somme, c'est pour adapter le logement et le rendre plus commode avec nos traditions.» «Jusqu'à maintenant, nos appartements ne sont pas encore dotés de gaz naturel. Mais ce problème doit àªtre normalement  résolu avant l'attribution des clefs. Actuellement il est pris en charge, puisqu'on a posé les conduites. On souhaite que le chantier soit terminé bientôt pour qu'on puisse enfin profiter de la flamme bleue et en finir avec la corvée qu'impose la bonbonne du gaz butane», espère un autre habitant des 500 logements. Selon lui, les aménagements extérieurs sont effectués d'une manière sommaire. «Aucune aire de jeux pour les enfants n'existe dans le périmètre de notre cité», remarque Mohamed. «Après ce que nous avions enduré, ma famille et moi, des années durant à  cause de la crise du logement, je remercie en premier lieu Dieu puis les autorités d'avoir pensé à  nous, en nous octroyant un toit décent où nous pouvons jouir d'une intimité, à  l'instar des autres familles. Maintenant, on espère que graduellement notre cité sera aménagée pour devenir, pourquoi pas, l'une des plus belles en Algérie», conclut avec une note d'espoir, une dame habitant la cité Fades.  UNE ASSOCIATION AU CHEVET DES 309 LOGEMENTS LSPA l'autre extrémité de la ville de Hadjout, d'ici en allant vers Sidi Rached, la cité des 309 logements LSP, avec ses 30 immeubles, semble àªtre, du moins de l'extérieur, un havre de paix. Les aménagements extérieurs attirent d'emblée la curiosité des passants. Il faut dire que tout semble impeccablement réalisé. Une aire spacieuse, dédiée exclusivement aux enfants de la cité, est équipée, à  leur grand bonheur, de balançoire, toboggan et autres jeux. Cet espace se prolonge par des espaces bitumés suffisamment grands pour servir de parkings et de parcours de promenade, notamment pour les personnes âgées. Les peintures gaies qui recouvrent les façades extérieures des imposants bâtiments confèrent à  la cité une touche particulière la singularisant, si l'on peut dire, des autres quartiers de la ville. A priori, le quartier des 309 logements à  Hadjout est une réussite sur le plan urbanistique. Cependant, cet enthousiasme n'est à  priori que de façade et le décor extérieur n'est qu'un trompe-l'œil si l'on croit les propriétaires des LSP. «Pratiquement tous les résidents ont procédé à  des travaux supplémentaires à  l'intérieur de leurs appartements. On a refait plusieurs choses pour qu'on puisse y vivre normalement, car nous avons constaté un nombre non négligeable de malfaçons, que ce soit dans les blocs ou bien dans les logements», avoue Sofiane, un habitant de la cité 309 logements et président de l'association du quartier. Pour lui et les autres membres de l'association, le danger le plus important à  qui les habitants font face est la remontée des eaux de la nappe phréatique qui inondent souvent les caves des immeubles. «À la longue, ces infiltrations peuvent nuire sérieusement aux fondations, donc à  toutes les structures des bâtiments», préviennent à  ce propos les membres de l'association. Alors, afin de juguler ce risque, les habitants de la cité ont sollicité les pouvoirs publics, notamment le maître de l'ouvrage du projet, l'OPGI en l'occurrence. «Devant les risques encourus suite aux remontées des eaux, nous avons décidé d'agir en alertant tout le monde. Et pour que notre voix soit entendue, nous avions tenu des sit-in au sein de notre cité. Finalement, le problème a été pris en charge. L'OPGI a désigné un bureau d'études techniques afin de trouver une solution définitive. Normalement, les choses évoluent bien. C'est tout ce que nous souhaitons», confie le président de l'association. Cela étant, ce n'est pas le seul problème que soulève ce dernier : «Nos appartements ne sont pas encore dotés de gaz naturel. Mais apparemment, les branchements ne vont pas tarder à  àªtre effectués, si l'on en croit les promesses qui nous ont été formulées», espère-t-il. Ainsi donc, en dépit du fait que ces deux cités sont de construction récente, donc soumises aux prescriptions fonctionnelles et techniques rigoureuses élaborées par la tutelle, il n'en demeure pas moins que les occupants procèdent souvent à  des réaménagements intérieurs dans l'optique d'adapter, d'une part, les appartements à  leurs besoins, et de l'autre, changer d'éventuelles installations et autres matériaux qu'ils trouvent tout bonnement de mauvaise qualité.LA QUALITÉ DES CONSTRUCTIONS, UNE PRIORITÉ POUR LES POUVOIRS PUBLICSPar ailleurs, ces deux cas, selon un architecte exerçant à  Tipasa, ne reflètent nullement la situation générale qui prévaut dans ce secteur à  travers le territoire de la wilaya. «Qu'on le veuille ou non, des progrès ont été accomplis en termes de qualité des constructions ces dernières années. Ceci s'explique notamment par deux paramètres. Premièrement, les maîtres d'ouvrage veillent constamment à  la conformité des constructions avec les lois en vigueur, et deuxièmement, les maîtres d'œuvre, notamment les entreprises réalisatrices, font davantage attention, car ils savent que c'est leur réputation qui est en jeu», confie-t-il. Pour un cadre de la Direction de l'urbanisme et de la construction (DUC) de Tipasa, l'urbanisme en général obéit à  une vision globale qui prend particulièrement en compte l'évolution des villes notamment. Dans ce registre, il souligne que l'implantation des cités nouvelles par exemple ne se décide pas par la force du hasard. Bien au contraire, «tout est étudié minutieusement dans le cadre de la conception des éléments de l'urbanisme que sont les PDAU et les POS. Actuellement, les PDAU des 28 communes de la wilaya ont été révisés pour permettre d'y injecter des programmes de logements entre autres. Des programmes, surtout qui répondent aux exigences de la quantité et de la qualité bien sûr, et ce, à  tous les niveaux», assure-t-il. Selon un autre cadre de la Direction du logement et des équipements publics (DLEP) de Tipasa, tout est met en œuvre pour garantir une bonne répartition des programme à  l'échelle de toute la wilaya. «L'implantation des programmes de logements quels que soient leur type, à  travers la wilaya, doit prendre en considération l'évolution démographique et la densité propres à  chaque localité. Autrement dit, le taux d'occupation par logement (TOL) est un indicateur déterminant en ce sens. Aussi, sur le plan de la qualité, le suivi est une opération importante dans la réalisation des projets, car si une malfaçon survient, des réserves sont automatiquement formulées afin d'obliger les entreprises à  y remédier», insiste-t-il.Toujours dans le volet de l'amélioration de la qualité des constructions, la Direction des programmes d'habitat et de la promotion immobilière dépendant du ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme, a spécifié avec force détails, dans un document datant d'octobre 2007, les prescriptions techniques et fonctionnelles applicables aux logements sociaux. A ce titre, elle souligne que «le maître d'ouvrage doit trouver les meilleures solutions de manière à  répondre qualitativement à  une production de logements. Les préoccupations liées à  la conciliation des pratiques culturelles et sociales diversifiées à  un habitat fonctionnel doivent àªtre impérativement prises en charge. De même, le sentiment d'identification que doit procurer tout quartier doit àªtre affirmé afin que l'occupant puisse s'identifier non plus à  un numéro, mais plutôt à  un aspect, un reflet ou simplement à  un traitement particulier».


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