Un autre grand nous quitte
Né en 1890 à Aïn Ghoraba dans la wilaya de Tlemcen, Hadj Terfouss Mohamed, le doyen des moudjahidin, des Algériens et peut-être même de l’humanité, s’est éteint jeudi 24 mai 2007 dans son minuscule logement à OranImmobilisé depuis 8 ans dans son lit, des sui- tes d’une longue maladie, Hadj Terfouss Mohamed s’est éteint comme il a vécu et comme il a toujours espéré quitter ce monde, dans la dignité. Lors d’une visite que nous lui avons rendue, il y a de cela quatre années, Hadj Terfouss nous avait entretenu de sa participation à la lutte pour la libération du pays et l’émancipation de son peuple. Fait prisonnier par les Français, il a subi les pires sévices sans jamais balancer ses frères d’armes ni plier l’échine devant ses tortionnaires. Libéré, il n’a pas tourné le dos à la Révolution et a repris le combat jusqu’à l’heureuse issue et à la mémorable journée du 5 Juillet 1962. Depuis lors, le valeureux moudjahid n’a pas été épargné par les vicissitudes de la vie. Ayant perdu sa campagne, il y a de cela plusieurs décennies, Hadj Terfouss s’est remarié mais ne laisse pas d’enfants. Cloué des années durant dans son lit, il avait besoin d’une attention particulière que son épouse ne pouvait à elle seule la lui donner. Son état nécessitait la présence d’une tierce personne, une assistante sociale. Informées de la précarité de sa situation, les autorités de la wilaya d’Oran s’étaient engagées à en prendre soin et à le transférer à l’étranger pour des soins particuliers.
Ses médecins traitants, dont le docteur Bensari que nous avons consulté, n’arrivent toujours pas à comprendre les tergiversations des autorités à prendre soin de lui. En effet, pour toute aide, un logement a été attribué à titre locatif, il y a de cela quelques années, à Hadj Terfouss. Pour l’anecdote, pris de remords, un ancien wali d’Oran qui avait promis l’aide des pouvoirs publics au vieux moudjahid mais qui ne l’a jamais fait, était même venu lui demander pardon le jour où il a été sermonné par les plus hautes autorités du pays. Luttant contre la maladie, le valeureux combattant de la liberté a finalement abdiqué devant la volonté divine et s’est éteint dans la dignité. Selon le docteur Bensari, cela fait 15 jours que l’état du regretté s’était dangereusement détérioré. Quatre jours avant qu’il ne s’éteigne, il avait complètement cessé de parler. Informé de la disparition de ce monument de la lutte pour la libération de l’Algérie qu’il portait dans son cœur, le président Abdelaziz Bouteflika lui a rendu hommage et présenté ses sincères condoléances. Parlant de son compagnon d’armes, un autre moudjahid, Hadj Benslimane, décédé depuis un an, raconte «Lors de notre long séjour en prison, de tous les moudjahidin détenus, Hadj Terfouss était le plus rebelle. Il refusait d’exécuter les ordres de nos geôliers qui le lui rendaient bien en le torturant sans ménagement. Très pieux, il implorait Dieu de préserver les prisonniers et ne cachait jamais son intention de reprendre le combat une fois libéré. C’est ce qu’il a fait». Qu’il repose en paix et que son parcours révolutionnaire et sa légendaire humilité servent de leçon à tous.
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Posté Le : 28/05/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com