Algérie - Hadj Mostefa dit Ingliz Bey

Hadj Mostefa dit Ingliz Bey (janvier 1798 - mai 1803)



Hadj Mostefa dit Ingliz Bey (janvier 1798 - mai 1803)
Surnommé INGLIZ BEY parce qu'il avait passé plus de dix ans en captivité en Angleterre, fut bien accueilli en raison de son passé élogieux dans l'administration locale, aussi bien à l'époque de Salah Bey que récemment sous son prédécesseur. D'origine turque, établi depuis longtemps à Qacentina, il avait acquis de solides amitiés aussi bien dans son milieu qu'au sein de la bourgeoisie autochtone, grâce à son caractère sociable, ses capacités, son sérieux dans le travail et sa connaissance des affaires de l'Etat. Il choisit d'abord Mohamed (ou Hamoud) Ben Salah Bey comme Khalifa, mais celui ci mourut subitement empoisonné. Il le remplaça par son propre fils Ali ; Redouan Khodja conserva son poste de kaïd dar ; Mohamed Ben Djelloul et Kutchuk Ali (descendant du pacha Kutchuk Ali) furent nommés bach kateb ; Mohamed Ben Merikhi occupa peu de temps les fonctions de agha deïra (il mourut empoisonné). Bel Kacem El Eukki qui lui succéda, mort au cours d'une expédition peu après, fut remplacé par Dahmane Ben Zekri ; Ahmed Tobal, Mohamed Tchaker et Kara Mostefa assumèrent les fonctions de chaouchs. Ingliz Bey se montra à la hauteur de sa tâche et ne trompa point les espérances qu'on avait placées en lui. Dès son avènement il s'appliqua à faire fleurir la justice et la paix en rétablissant les mahakmas dans leurs prérogatives et leur neutralité dans leurs jugements. Avec la confiance, l'abondance ne tarda pas à renaître. Le commerce intérieur reprit son ampleur à travers tout le pays, grâce à la libre circulation des caravanes de marchands et à l'ouverture de marchés bondés de denrées, tissus et bétail. Ingliz Bey ne fit que quelques campagnes à l'intérieur du pays. La plus importante fut dirigée contre les Hanencha qui avaient tué leur kaïd. Ses troupes y subirent une grave défaite. Nous avions dit que le bey avait choisi son fils Ali à la fonction de khalifa. En peu de temps, celui ci souleva la réprobation de tous. Disposant à son aise de la fortune de son père et bénéficiant de l'impunité du bey, il mena une vie des plus dissolues (1), allant jusqu'à s'attaquer à l'honneur de certaines familles parmi les plus en vue. Le fruit de cette leçon ne fut que de courte durée. Quelques jours après on apprit avec indignation les nouvelles frasques du fils du bey. C'en fut de trop. On se plaignit alors au Pacha. En dépit des plaintes qui lui parvenaient de toute part, des démarches pressantes d'amis sûrs du diwan, Ingliz Bey, dominé par une épouse trop indulgente pour son fils, et par un fils sourd à la raison, ne fit rien pour obliger sa progéniture à meilleur comportement. Ses désordres et ses vexations furent tels, que les gens les plus indulgentes et les plus favorables au bey s'en émurent. De toute part des plaintes furent adressées alors à Mostefa Pacha qui fit arrêter Ali alors qu'il se trouvait à Alger et fit destituer le père auquel on confisqua les biens au bénéfice du Trésor et de l'Odjak (mai 1803). Grâce à l'influence de peu d'amis qu'il possédait encore, Ingliz Bey échappa au lacet du chaouch en promettant au pacha de quitter définitivement l'Algérie pour un pèlerinage à La Mecque. Mais il alla s'établir à Tunis où il trouva asile auprès de Hamouda Pacha. Nous verrons, plus tard, que ses intrigues, inspirées par un esprit de vengeance des plus tenaces et des plus haineux, seront à l'origine d'un conflit armée entre la Tunisie et l'Algérie. Il fut remplacé par Osman Ben Mohamed surnommé le "Borgne". Notes (1) Si Mohamed El Baboury Selon Vayssettes dans la Revue Africaine – 3eme année n° 15 écrit ; « un hachaïchi de Constantine possédait plusieurs rossignols qui chantaient à ravir. Le jeune Ali en eut fantaisie et les fit demander au propriétaire. Celui ci refusa de les céder à quelque prix que ce fut. Une seconde et une troisième démarche n'eurent plus de succès. Grande fut alors la colère du jeune homme qui, s'en allant trouver son père, ne cessa de le tourmenter, jusqu à ce qu'il eut obtenu de sa coupable condescendance l'ordre de faire prendre et mettre à mort le récalcitrant. Pour échapper à cette sentence inique, le malheureux hachaïchi se réfugia, avec ses chanteurs, cause bien innocente de tant d'infortunes, à Taghla, dans la demeure du cheikh Ez Zouaoui et lui raconta le motif de sa fuite. A ce récit, le cheikh indigné lui fit suspendre ses cages aux arbres de son jardin et lui offrit pour retraite sa demeure, comme un asile inviolable. A quelques jours de là, le fils du bey, accompagné de ses serviteurs, alla de ce côte pour se livrer au plaisir de la chasse, et ne voulut point passer outre sans rendre visite au Saint personnage. Celui ci qui l’avait aperçu de loin, s'était aussitôt retire dans son bordj, et il ne consentit à sortir que lorsque ses serviteurs l'eurent complètement rassuré sur les bonnes intentions de l'illustre visiteur. L'accueil qu'il lui fit fut froid, mais convenable. On servit de la galette et du leben, et lorsque le jeune homme, dont la course avait aiguisé l’appétit, eut fait amplement honneur à ce modeste repas, Si Ez Zouaoui, prenant la parole lui dit : - 0 fils du bey, comment toi et ton père pouvez vous commettre des injustices pareilles. ? - Quelle injustice ? demanda Ali surpris. Un homme, reprit le vieillard d'une voix grave, avait des oiseaux qu'il chérissait plus que tout, et vous avez voulu les lui enlever de force, et pour un caprice contrarié vous avez fait peser sur sa tête un arrêt de mort ; mais Dieu, qui prend soin du faible et de l'opprimé, n’a pas permis qu’un si odieux arrêt reçut son exécution. Cet homme, le voilà ; c'est celui qui est en face de toi. En ce disant, il lui montrait le hachaïchi adossé contre le mur de la salle. Le Jeune homme s'excusa et promit de ne plus le poursuivre. Mais il fit des menaces d'un regard courroucé au hachaïchi. La chérif l'aperçut et dit quelques mots intelligibles : Immédiatement Ali tomba à terre, les mains tenant son ventre de douleurs. On pria le marabout de le soigner Celui-ci ne le fit pas avant d'arracher du malade la promesse formelle qu'il ne tentera rien contre le hachaïchi. Dès que Ali reprit ses esprits, il fit monter son antagoniste sur une mule richement harnachée, jusqu’aux portes de la ville. Là, ils se séparèrent après s'être fait réciproquement de multiples salutations. De plus, Ali lui fit cadeau de la monture.



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