Algérie

Hacène Menouar. Président de l'association El Aman : «On doit inculquer aux consommateurs la culture du boycott spontané»



Les prix de certains produits connaissent une hausse ces derniers jours. A quoi cela est-il dû, selon vous 'Les prix des fruits et légumes sont aléatoires et très variables, ce qui empêche les Algériens de se doter de cette bonne culture de consommation de fibres sûre et saine.
En plus, les prix de ces produits augmentent d'une manière flagrante et injustifiée, à l'exemple de la banane importée à laquelle le consommateur s'est habitué depuis des années, mais qui se trouve malheureusement livrée par les pouvoirs publics à des importateurs et soi-disant à des opérateurs qui s'organisent en régulateurs négatifs du marché : ils font ce qu'ils veulent du moment qu'ils ont pu avoir la licence d'importation.
De même, ils utilisent le prix de vente de la banane pour justifier l'augmentation d'autres produits similaires (fruits) même si ces derniers sont locaux.
Ceci évidemment pour occuper éternellement les consommateurs avec des soucis de pouvoir d'achat. Par ailleurs, cette banane importée est loin d'être de bonne qualité, comparée à celle que consomment les consommateurs de nos pays voisins.
Les pouvoirs publics qui délivrent des licences d'importation au compte-gouttes n'imposent même pas de cahier des charges sérieux définissant la qualité, l'espèce et la disponibilité permanente des produits?
Des appels au boycott de certains produits sont lancés ces derniers mois. Votre association y souscrit-elle '
On doit inculquer aux consommateurs algériens la culture du boycott spontané et instantané de tout produit qui présente une anormalité. Les consommateurs doivent dorénavant, sanctionner eux-mêmes le marché.
Les bananes importées sont non seulement de mauvaise qualité, comme dit précédemment ? ceux qui voyagent à l'étranger se rendent compte de la différence de goût ?, en plus, elles font l'objet d'un monopole partagé par un nombre restreint d'importateurs.
Ceci est dû évidemment à l'octroi restrictif et sélectif des licences d'importation. Pour les légumes et les fruits locaux, la flambée et la perturbation des prix sont causées par la faiblesse du système de régulation et l'absence d'une planification agricole.
A savoir que dans la chaîne «du champ à l'assiette», c'est la mafia des intermédiaires occasionnels qui fait des profits sur le dos des consommateurs et des agriculteurs.
Vous estimez que l'on doit inculquer au consommateur algérien la culture du «boycott spontané». Comment peut-on arriver à ce résultat '
Le boycott doit être une action, comme dit précédemment, spontanée de la part du consommateur afin qu'il sanctionne lui-même toute anormalité sur le marché. C'est la culture que veut inculquer l'association El Aman aux Algériens. Pour y arriver, il faut renforcer le travail de sensibilisation et de formation de toutes les catégories de consommateurs.
Les autorités sollicitent-elles suffisamment les associations de protection des consommateurs '
Sauf pour des consultations sur des sujets que je considère anodins, l'interpellation des associations des consommateurs est plutôt informative et non consultative.
A part le ministre du Commerce, qui nous informe régulièrement des nouveautés sur la législation et qui parfois nous consulte pour des projets réglementaires, les autres départements nous ignorent complètement, et là je parle beaucoup plus des secteurs sensibles comme la Santé, l'Agriculture, l'Industrie, le Transport, les Travaux publics et l'Habitat. Certains responsables s'obstinent à toujours considérer les associations consuméristes comme une entrave à leurs démarches, d'autres les prennent pour des mineurs sans importance !
Entretien réalisé avant la décision prise par le ministère du Commerce de supprimer les licences d'importation sur la banane.


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