Algérie

Habitat précaire : colère à Aïn TémouchentActu Ouest : les autres articles



Habitat précaire : colère à Aïn TémouchentActu Ouest : les autres articles
Lundi, dans l'après-midi, des habitants de ce qui reste de Graba, ceux du lieu-dit el Ghirane (troglodytes) et officiellement cité Afifi Ali, sont sortis pour couper la route, une partie de la RN 2 qui traverse le chef-lieu de wilaya.Les forces de police se sont déployées pour libérer la voie. Le matin même, deux jeunes du quartier avaient menacé de se jeter du haut d'un immeuble voisin pour réclamer justice et obtenir un habitat décent. Dans la nuit, profitant de ce qu'ils étaient absents, en raison des noces du frère de l'un d'eux, un pyromane avait mis le feu aux deux mitoyennes baraques dans lesquelles ils vivaient.
Chez leurs parents, la promiscuité avec des frères et s'urs, qui s'étaient multipliés et surtout grandis, les a poussés à fonder un autre taudis. Ce n'est pas la première qu'un habitat précaire est incendié dans le quartier. Hadhoum a vécu la même agression au troisième jour de ramadhan dernier. Elle et ses deux enfants en bas âge ont failli être carbonisés. Vers 4 h du matin, de l'essence jetée sur l'entrée a mis le feu à la porte, les flammes s'engouffrant avec tout ce qui pouvait prendre feu.
Des voisins de misère leur ont sauvé la vie et retapé tant bien que mal ce qui pouvait l'être selon leurs maigres moyens : «Nous avons plus peur des humains que des bêtes venimeuses», indique une voisine, une autre divorcée avec enfants à charge. En effet, les vipères et les rats abondent ici. La petite Kaoutar, 8 ans, est actuellement suivie en raison de morsures d'un rat. Sa mère exhibe les certificats médicaux. Elle-même et son époux ont subi l'attaque de rats. Nous entraînant dans leur logis, un semblant de wc est creusé dans une bouche d'égout dont l'odeur pestilentielle n'incommode plus les occupants. La mère est asthmatique. En fait, dans tout le quartier, on tousse ou on se gratte.
Pour ceux qui ne connaissent que le côté «Témouchent qui rit», ce Témouchent-là, enclavé dans son infra-humanité, à l'abri des regards, fait mal à découvrir. Pour d'aucuns, il est imaginable que Témouchent qui n'a pas connu l'existence du moindre bidonville, il est anormal qu'il puisse en naître un alors que des milliers de logements ont été construits et distribués. Mais à qui ' «Depuis des années qu'on vient nous voir et nous promettre qu'on va nous reloger», éclate Benaoum qui, la veille, était parmi les manifestants. Il est venu à nous alors qu'il passait, chargé de trois bidons qu'il allait remplir d'eau : «Voyez ! Pas d'eau, pas d'électricité et les immondices !». Effectivement, elles s'amoncellent partout. Le marché informel voisin jette tous ses détritus. Quant aux services d'hygiène, ils semblent ignorer l'existence de l'endroit.


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