Algérie

HABIB YOUSFI, PRÉSIDENT DE LA CGEA, À L'EXPRESSION «Nous sommes sensibles aux revendications sociales»



HABIB YOUSFI, PRÉSIDENT DE LA CGEA, À L'EXPRESSION «Nous sommes sensibles aux revendications sociales»
Habib Yousfi est à la tête de la Cgea depuis plusieurs années, ce qui lui a permis de bien connaître les arcanes de l'économie nationale. Il analyse, dans cet entretien, la crise du secteur du bâtiment et des travaux publics ainsi que les résultats de la dernière tripartite.

L'Expression: Est-ce que la dernière tripartite a pris des décisions pertinentes en faveur du Btph?
Habib Yousfi: La dernière tripartite a examiné de nombreux rapports consensuels issus des groupes de travail de la tripartite de mai 2011. Le rapport établi par le ministère de l'Habitat a été rédigé d'une manière unilatérale, reflétant exclusivement le point de vue du département concerné. Il n'a donc pas fait l'objet de consensus des acteurs concernés.
Le comité de direction de la confédération a effectué une évaluation de la tripartite et a noté que d'importantes mesures avaient été prises pour soutenir l'entreprise algérienne, à l'exception du secteur du Btph. Les conclusions de l'évaluation ont été portées à la connaissance du Premier ministre lors de la dernière tripartite mais n'ont pas été reprises dans le communiqué final.
De ce fait, et sur recommandation du comité de direction, il a été décidé de porter à la connaissance des hautes autorités de l'Etat et de l'opinion publique les recommandations du secteur du Btph qui n'ont pas été satisfaites à travers une conférence animée par la vice-présidente de la Cgea, Mme Neghza Saïda. Elle a pratiquement exprimé les conclusions du comité de direction sur l'évaluation de la tripartite. Dans son allocution, elle a exprimé d'une manière claire la colère des opérateurs économiques du secteur en citant des expressions imagées qui ne pouvaient plaire à certains et qui ont été précisées ultérieurement par une autre expression, à savoir que «nous ne sommes pas des khemassa des maîtres d'ouvrage».
D'autre part, je signale que notre confédération et son président sont solidaires de la position exprimée par la vice-présidente qui engage l'ensemble des structures de la confédération et que l'expression de grève des acteurs concernés ne leur est pas forcément liée mais il s'agit particulièrement des travailleurs liés à leurs entreprises. Les entreprises du Btph ont cette facilité de manifester leur mécontentement par tous les moyens légaux. La Cgea a interpellé les autorités à apporter la solution à leurs problèmes. Ce sont des milliers de travailleurs qui sont employés par 1600 entreprises affiliées à l'organisation qui veulent entrer en grève car ils ne sont pas payés faute de marchés publics. C'est la conséquence des interprétations des structures décentralisées du ministère de l'Habitat.

Que pensez-vous des mesures sociales arrêtées par le gouvernement?
Notre confédération est extrêmement sensible aux revendications du front social dans la mesure où nous avons une conception selon laquelle il ne peut y avoir de développement sans la stabilité du front social, et ce quel que soit le secteur d'activité.
C'est dans ce cadre que nous avons souscrit aux mesures adoptées au niveau social lors de la dernière tripartite.
L'entreprise, étant au centre de la création de richesses et d'emplois qu'elles soient du secteur productif ou des services, a un rôle prépondérant à jouer dans le cadre du confortement de la paix sociale dans la mesure où les autorités peuvent comprendre l'environnement dans lequel évolue l'entreprise afin de lui apporter les solutions idoines pour atteindre les objectifs souhaités.

Qu'en est-il du rôle des banques dans le financement de l'économie?
Cette question est très importante. Elle nous permet aujourd'hui de réaffirmer que les banques en Algérie sont toujours bridées par la problématique du risque, malgré l'importance des réserves qu'elles détiennent et qui ne sont ni capitalisées ni injectées dans une proportion appréciable dans l'économie du pays.
Cette situation constitue un frein malgré la dépénalisation de l'acte de gestion et il est urgent pour les responsables du secteur financier d'assumer leur responsabilité qui pourrait être confortée par une volonté politique pour faire jouer aux banques leur rôle moteur dans l'économie.


Notre confédération est très attachée aux principes qui consistent en la mobilisation des potentialités internes. Cela pourrait permettre, dans le cadre d'une vision claire, d'évoluer vers une croissance appréciable dans tous les secteurs aptes à promouvoir la création de richesses et l'emploi. Nous rejetons de ce fait toutes les facilités qui permettent de recourir aux dépenses non indispensables qui ne gratifient le pays d'aucune plus-value. Ce qui nous amène à insister sur la nécessité de mettre en place une stratégie claire qui puisse permettre de mobiliser tous les acteurs pour contribuer à fonder une vision apte à promouvoir l'Algérie en tant que pays émergent.


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