Algérie

« H'nin »



« H'nin »
« J'ai toujours refusé les décorations mais celle-ci sera la première et la dernière », avait concédé Roger Hanin, en 2000, à Alger, alors qu'il recevait la distinction de l'ordre du mérite national El Achir, des mains du président Bouteflika. Roger Hanin était très ému, et surtout fier de ce cadeau de sa ville natale, selon ses confidences à des intimes dès son retour à Paris. « Navarro » savait qu'il retournerait en Algérie. Pour l'éternité. Depuis vendredi dernier, il côtoie son papa au cimetière de Bologhine (Saint-Eugène) scrutant le stade, écoutant les vagues dans une plénitude essentielle servie par « Madame l'Afrique ». Bises et brises montant de l'Eden qui, dans leur éloignement, ondulent la Bleue vers Kettani pour rafraîchir les hauteurs de La Casbah du « Hnin » au Deuxième, Djamaâ Lihoud, Nedjma, et faire trembler les feuillages de la Djnina Marengo. Arrêt sur « images » d'un fils d'Alger revenu à Alger pour rester « Algérois » plus que « Parisien », témoigne l'ex-joueur du MCA, Ammi Abdelkader Kribi, qui avait connu Roger Hanin alors tous deux jeunes enfants de La Casbah. « Et il supportait le MCA », révèle-t-il. Quand Roger Hanin avait émis le v?u de sa mise en terre à Alger, il aurait soufflé à des amis dans un immense moment d'amour et de nostalgie qu'il « aimait le cimetière de père Lachaise, un peu plus celui de Montparnasse...,lakin machi kima celui de Saint-Eugène fi dzair », tout près du 25, rue Marengo où il est né en 1925 et où aussi avait vécu le cardinal El Anka de 1944 à 1959. Même à Paris, on dit qu'il était resté fin gourmet des plats algérois. Normal pour un homme « fidèle » et affectueux qui répand bien l'écho de sa maman qui se nommait Victorine Ben Hanine, le visage de sa maman, le plus captif dès qu'il veut remonter le temps, témoignait-il récemment sur TV5. En 1999, Roger Hanin « pleurait » Alger par ses mots et sa plume dans l'article intitulé « Je me dois à l'Algérie », paru dans L'Humanité « Alger, terre natale, est-il donc si loin cet Eden blanc de soleil, parfumé d'eucalyptus et de jasmin, orange et jaune de ses fruits, ses fleurs, je ne me rappelle donc que cela ' D'où vient que se télescopent l'horreur, l'OAS, les crimes, les offenses, l'exode ». C'est dire l'attachement, même après une vie de star à Paris et à travers les plus excitantes capitales du monde, de cet enfant d'Alger qui entonnait jusqu'à sa mort son accent « pied-noir » des quartiers de la « Blanche ». Basketteur, Roger Hanin avait été renvoyé de l'ex-lycée Bugeaud (aujourd'hui Emir), par le système français antisémite. Inflexible. En 2005, le cinéaste avouait, lors d'une causerie culturelle à la télé pour présenter son livre « L'Horizon », qu'il s'apprêtait à un pèlerinage définitif pour Alger. Fils du peuple devenu star et riche, Roger Hanin vivait avec le peuple, les pauvres qu'il défendait comme dans son film « Train d'enfer » ou du « Grand pardon ». Même son beau-frère, Mitterrand (l'ex-Président), n'a pas pu le « dévier » de son origine algérienne. Il repose près de son père en ce vendredi comme elle repose auprès de son père, ce même vendredi, l'autre illustre fille d'Algérie, Assia Djebbar.




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