Algérie

H’lal alihoum, H’ram Alina


Showbiz à l’algérienne Dans certains pays musulmans, le sacrifice du mouton ne se fait qu’une fois dans la vie de toute famille. Cette façon de voir la Tradition n’a pas fait l’objet d’un débat au sein de la grande famille musulmane, et il est peu probable qu’il y en est un. En attendant, le mouton est sacrifié chaque année par la même famille, ce qui signifie que des millions de bêtes sont égorgées. Le propos n’est pas de remettre au goût du jour une thèse, très discutable du reste, qui expliquait la cherté de la viande en Algérie par ces abattages massifs, mais de dire que l’Aïd El-Adha est devenu une énorme opération boursière à ciel ouvert où le mouton est une star éphémère.A J-1, toutes les places et carrefours continuent d’être pris d’assaut par des maquignons venus des quatre coins du pays avec la ferme intention de réaliser une excellente opération. Le mouton ne devient plus un objet que l’on veut offrir en sacrifice à une injonction divine et perpétuer, ainsi, le geste d’Ibrahim El Khalil, mais une «vulgaire» marchandise soumise aux aléas de l’offre et de la demande. Un peu comme les produits agricoles et de large consommation durant Ramadhan. Comme les vêtements à l’approche de l’Aïd El-Fitr, et le hadj qui voit exploser la cotation des devises sur le marché parallèle. Chaque événement religieux charrie son «industrie» et ses milliers de postes d’emploi de quelques jours. Les revendeurs de charbon, de fourrage, les aiguiseurs de couteaux et autres égorgeurs professionnels sont à l’Aïd El-Adha ce que sont les marchands de Kelb Ellouz et Zlabia au mois de carême. Darwin, père de «La fonction crée l’organe» aurait trouvé, là, un excellent terrain pour enrichir sa théorie. La semaine, qui précède cette importante fête religieuse, aurait pu inspirer les responsables du secteur du tourisme. L’événement, haut en couleurs, ne répond à aucune loi en dépit des risques sanitaires et des arrêtés des walis qui fixent les conditions de regroupement et de commercialisation. Un vrai carnaval, comme celui de Rio où les autorités s’effacent devant des millions de visiteurs. Pas de chèques, pas de crédit à la consommation et des milliards en liquide –au mépris, encore une fois, de la législation- changent de main. Comme au Brésil, des dizaines de morts sont recensés, à la seule différence que les criminels convoitent les épaisses liasses de billets et qu’à Rio, ce sont des règlements de comptes entre bandes rivales. Une véritable leçon d’économie où des éleveurs, servis gâtés par la nature, vous expliquent qu’ils sont perdants, que le quintal de «Alf» vaut des milliers de dinars et vous convaincront que les récentes catastrophes naturelles les ont ruinés. A lui seul, le mouton est un échantillon de ce que nous réserve l’adhésion à l’OMC. Le ministère du Commerce, qui se plaint de la dérégulation du marché, et ses homologues des Finances et de l’Agriculture qui se rejettent la balle, trouveront là, un champ d’expérience grandeur nature où il n’y a ni plan de relance ni taxes ni circuits de distribution pour s’inspirer. L’épreuve des députés, en moins. Miloud Horr
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