Algérie

H’lal alihoum, H’ram Alina



Sans la bureaucratie de préférence Sept morts sont venus alourdir le bilan des accidents de la circulation survenus dans la wilaya de Mascara qui prend la tête du macabre hit-parade national. Une comptabilité à laquelle il y a lieu d’ajouter d’autres morts et d’autres blessés, tout aussi graves, que ne manqueront pas de faire d’autres accidents de la route en dépit des campagnes lancées sans que nous soyons sûrs qu’elles aient un impact positif. D’autres morts et d’autres blessés «issus» d’attentats terroristes, de tentatives de suicides, d’accidents domestiques, de noyades, et d’incendies de forêts, en cette période caniculaire, venant allonger une liste déjà longue et qui donne bien des soucis aux responsables de la Santé qui ne savent plus ce qu’il y a lieu de faire pour inverser la tendance et vivre des journées «sans morts».Mais si la perte d’un proche, une fois la nouvelle répandue, est accueillie à la fois dans le recueillement et la sérénité, la question des blessés est un tout autre chapitre. Un simple tour dans les hôpitaux, centres de santé de proximité ou cliniques privées renseigne sur l’état et la manière avec lesquels le blessé est pris en charge. Médecins, infirmiers, responsables des urgences et ambulanciers sont les premiers à décrier la «foire» qui caractérise les UMC, et à vous conseiller -sincèrement- de transférer votre blessé vers tel autre établissement. Ce qui se passe dans ce type de service -censé être la vitrine de tout établissement de santé qui devrait respirer à plein nez l’humanité, la bonté et l’amour de l’autre- donne des cauchemars aux DG de ces hôpitaux que l’on s’évertue à nommer pompeusement «centre hospitalo-universitaire». Un ancien responsable affirmait sous la foi du serment -et de l’anonymat- que son CHU formait plus de 1.500 médecins, tous cycles et spécialités confondus, à la fois, durant la même année! «Comment espérer inculquer les principes de base à un futur médecin quand vous faites le tour de l’hôpital sans réussir à localiser un résident de 3ème année?» s’étonnera un chef de service qui ne prend plus la peine d’essayer de discipliner des étudiants qui ont perdu et l’habitude de se considérer comme des disciples et oublié un certain serment qui leur fait obligation de se dévouer et de sauver avec toute la profondeur de leurs connaissances et la force de leur conscience un être humain qui n’aurait jamais choisi de dépendre du bon vouloir d’un ambulancier, d’un médecin de garde qui vous rétorquera méprisant «silence, tu n’es pas le seul» ou «je ne peux pas faire des miracles avec une salle qui manque de tout!». Il ne s’agit pas de construire un joyau architectural -qui ne fonctionne, d’ailleurs, pas parce que le schéma électrique serait défaillant et est «HS», faisant que deux générateurs (seulement) suffisent à le disjoncter quand ils sont mis en marche simultanément- mais de réaliser un pavillon UMC qui nous fasse rêver quand on est en bonne santé et qui ressuscite nos blessés quand, «contents» d’être encore en vie, ils espèrent s’en retourner dans leurs familles un gros sourire illuminant le visage, en se confondant en excuses et remerciements, comme ces belles images savent nous en convaincre quand il s’agit de cet étranger auquel on se compare volontairement quand c’est à notre avantage. Un comité est mis en place pour sauver les meubles. Aveu d’un échec consommé, volonté de reprendre les choses sérieusement en main ou tentative désespérée lancée par un Barkat qui a à cœur de guérir une Santé malade de ses ministres, de ses DG, de ses médecins, de son système, de ses hôpitaux et surtout de ses Urgences? Un parent qui a fait le «fou» durant le trajet pour ramener son malade à un hôpital de renom a déchanté quand, «poireautant» sans savoir pourquoi, il a vu son parent lui «filer» entre les doigts. Ce qui lui a fait dire, de dépit probablement même si ses propos étaient fortement teintés de fatalisme: «j’aurais mieux fait d’accepter la Sentence de Dieu. Cela m’aurait épargné les formalités de levée du corps.» Sans commentaires, M. Barkat, et bon courage! Espérons seulement que le Comité mis sur pied n’aura pas, au départ, l’esprit embrumé par la bureaucratie.   Miloud Horr


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