Algérie

H’lal alihoum, H’ram Alina



On tue en «gros», maintenant Ce sera en pleine campagne de prévention que l’une des plus graves catastrophes routières a eu lieu. Télévision, radio, affichages sur bus, panneaux et dans les villes n’ont pas réussi à inverser la courbe macabre. Mieux, toutes ces actions n’ont pas permis d’amorcer une amélioration. Il ne se passe pas un jour sans que des enfants, des vieillards -des piétons, donc, sensés être sécurisés- ne se font écraser. A défaut de la prudence à laquelle appellent les campagnes, les chauffards rivalisent de «performances» dans des accidents que l’on peut facilement éviter et multiplient les «prouesses», comme s’il s’agissait de battre des records. Il n’est plus question de mettre à l’index les services chargés de mettre en application les mesures pour juguler un phénomène qui menace de faire plus de victimes que les hordes terroristes mais de s’interroger sur la capacité des pouvoirs publics -ministères en tête- à prendre la mesure des assassins en liberté sur les routes. L’uniforme ne fait plus peur. C’est plus qu’une évidence, et l’opinion publique ne se gêne plus pour dénoncer des abus qui ne visent pas l’application des lois mais qui sont devenus un moyen légal de s’enrichir. Le cas d’une citoyenne, médecin de son état, qui accompagnait sa fille est un cas flagrant. Amorçant une manœuvre tout à fait réglementaire, la conductrice s’est vue interpeller par un agent pour un motif autre que le code. «Rappelé» discrètement à la retenue, l’indélicat n’a pas trouvé mieux que de verbaliser l’infortunée en lui déclarant qu’elle avait de la chance qu’il ne lui ait pas retiré son permis, alors que -contradiction flagrante- le motif de l’infraction présumée est justement un cas de retrait. Cet épisode qui aurait provoqué un scandale et conduit irrémédiablement son auteur devant les tribunaux est passé inaperçu parce que la concernée tout comme son époux, médecin également, était convaincue qu’elle était perdante d’avance. A quoi cela sert-il de changer de tenue, de pondre des textes, de multiplier les campagnes et de changer de ministre si les résultats ne suivent pas? Des mauvaises langues prétendent que chaque nouvelle loi est une porte qui s’ouvre sur l’immense cour de la corruption qui gangrène le pays et que le président vient de dénoncer. Un automobiliste a vu son amende aggravée parce qu’il a osé «tenir» tête à l’agent qui lui répétait le risque encouru -amende et retrait- comme pour lui signifier qu’il serait plus simple de verser la dîme qui les arrangerait tous. Le propos n’est pas de dénoncer des pratiques connues du reste par les responsables, même si pudiquement on limite ces abus à quelques cas seulement, mais de souligner que les plus belles lois, les plus belles routes et les plus beaux uniformes ne serviront à rien si une application rigoureuse ne suit pas sur le terrain, et si... les pouvoirs publics ne mettent pas sous la loupe le train de vie de certains fonctionnaires, tous secteurs confondus. Les accidents de la route ne sont pas l’apanage de l’Algérie, certes. Dans des pays plus avancés, des catastrophes autrement plus graves ont lieu. La différence est que les mesures prises dans ces cas ont des effets immédiats. Dans certains cas, elles sont accompagnées de la démission de ministres. Chez nous, on en est à multiplier le coût du permis de conduire, de faire échouer des candidats méritants et d’imposer à coups de millions des «amendes» pour décourager les citoyens à acheter des véhicules neufs qui ont au moins le mérite de réduire les accidents causés par la vétusté du véhicule. Nous l’avons toujours dit: un classement objectif des auto-écoles dont les candidats sont responsables d’accidents conduirait à la fermeture de bien des établissements -pour ne pas dire des commerces- et à la radiation de bien des examinateurs corrompus. Ce sera un moyen original de lutter contre cette nouvelle forme de terrorisme si bien sûr elle ne heurte pas des intérêts «occultes». Miloud Horr


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