Benbouzid, premier de la classe
Benbouzid a réuni les directeurs de l’Educa-tion, une rencontre destinée à préparer la prochaine rentrée scolaire et qui s’inscrit dans le cadre des récentes instructions données par le chef de gouvernement lors du dernier Conseil du gouvernement. Ouyahia ne veut rien laisser au hasard. Plus tôt on mettra la main à la pâte, mieux cela vaudra. La confection des manuels scolaires, l’évaluation des examens du BEM et un premier bilan -en attendant les résultats du bac- permettront d’y voir plus clair. Benbouzid aura, certainement, à cœur d’effacer la grosse bourde de l’hymne national qui avait défrayé la chronique et qui aurait dû l’inciter à déposer sa démission, d’autant plus que le geste aurait pu avoir des allures de mise à la retraite «méritée» après de bons et loyaux services et de longues années passées... au poste de ministre.A défaut de voir figurer sur les tablettes le nom de leurs établissements pour un taux de réussite exceptionnel, deux collèges ont quand même réussi l’incroyable performance d’avoir obtenu un zéro pour cent absolu en guise de taux de réussite au BEM. Un score qui interpelle directement Benbouzid qui devrait prendre des mesures et les rendre publiques car les efforts consentis par l’Etat méritent un peu plus d’égards de la part de fonctionnaires beaucoup plus préoccupés à faire grève pour obtenir des salaires et d’autres avantages que de s’occuper à jouer leur rôle d’éducateur. Benbouzid avancera trois chiffres pour meubler cette rencontre et masquer les travers d’un département qui a, de plus en plus, des difficultés à atteindre les objectifs qu’il s’est assignés pour améliorer le niveau des connaissances des élèves et faire de l’école algérienne un modèle qui pourrait, un jour pourquoi pas, inspirer de grandes nations comme l’a fait l’ANP qui a fait reprendre le chemin de l’école à des généraux américains en matière de lutte contre le terrorisme. Le premier chiffre concernera 59 millions de manuels scolaires à réaliser. La performance n’est pas dans le chiffre, mais dans la qualité du produit fini. Ce qui semble être hors de portée de la tutelle puisqu’elle a été incapable de vérifier et de s’assurer que de simples sujets étaient correctement reproduits. Le second chiffre a justement trait à ces sujets qui ont fait que le bac est devenu l’examen de tous les dangers, une épreuve où les candidats sont désormais appelés à corriger les gaffes de leurs profs avant de composer. Ce sera, cependant, la persistance de Benbouzid à soutenir que 5% des candidats seulement ne se sont pas rendu compte de l’erreur de pagination qui inquiète. On pourrait même penser que le fait qu’ils ne s’en soient pas rendu compte est en soi une faute qu’il faut sanctionner. Outre le fait que cette estimation prête à sourire, elle ne constitue nullement un argument à faire valoir par un ministre qui traîne une expérience de près de deux décennies dans le même poste. Les Algériens auraient bien aimé -pour le plaisir des yeux et des oreilles, certes, mais aussi pour se rassurer qu’ils vivent bien dans une République de droit et d’honneur- voir des sanctions toucher du gros gibier et non des lampistes comme ce fut le cas de l’affaire de l’hymne national.
Ce sera, cependant, ce taux de 49% qu’on juge satisfaisant, qui illustre la panne de l’école algérienne. Pour l’exemple et puisqu’il faut se référer à ce qui se fait ailleurs, en France le taux de réussite pour le même examen a été de plus de 80%. Il a été jugé bas. Il est vrai qu’en France (ou ailleurs) des élèves ne se font pas rejoindre par leurs cadets par la faute d’un système et ne sont pas exposés à des erreurs comme ce fut le cas au BEM et au Bac. Espérons que l’appel à la mobilisation lancé par Ouyahia sera entendu car la longévité au poste émousse les réflexes.
Miloud Horr
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Posté Le : 30/06/2008
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com