Algérie

H’lal alihoum, H’ram Alina



Un rayon de soleil qui éclaire Simple hasard du calendrier ou agencement providentiel que celui qui fait du 3 mai une journée internationale doublement commémorée? Par l’UNESCO, en hommage à la liberté de la presse, et par le PNUE qui y trouve l’occasion de «chanter» le soleil. La lumière céleste jumelée à celle fabriquée par les travailleurs de la plume, de l’image et de la parole, qui coïncide en ce 1er Mai qui n’est plus fêté avec le faste qui était le sien, probablement parce que les pouvoirs publics de tous les pays de la planète sont confrontés à un autre plus inquiétant: la baisse du pouvoir d’achat et la montée de cette soif de dire et de dénoncer avec une rigueur et une objectivité qui n’ont d’égale que la sévérité de la loi.Si les journalistes sont des travailleurs, ils sont également ce rayon de lumière qui éclaire ce qui se passe dans les prisons, ce qui se trame dans les cercles fermés où des milliards changent de main par la grâce de transactions douteuses, et baladent leurs objectifs dans des cours de maisons opaques bâties au milieu de jardins enchanteurs destinés à faire écran. Le journaliste est plus qu’un travailleur. Il est l’artisan de cette liberté d’informer, d’écrire, de dire, de montrer et de commenter ce qui se passe chaque jour. Que ce soit dans son propre pays où dans d’autres. C’est cette capacité de dire, au moment où d’autres choisissent de se taire, qui devrait faire du journaliste un acteur et non une victime ; un travailleur aux risques protégés sans avoir à les calculer; un peu comme ce trapéziste qui évolue en l’air, un filet en dessous. L’erreur professionnelle, la diffamation, la divulgation du secret, et tous les artifices que l’on met en avant pour bâillonner le journaliste, le contraindre à écrire entre les interlignes, parce que les lignes c’est déjà trop dangereux, doivent être assimilés à des «accidents de travail» qu’un médecin assermenté aura à contrôler sans être cette épée de Damoclès qui plane sur sa tête pour le sanctionner, limiter sa liberté, ou lui infliger des amendes. Un chirurgien qui «tue» sur le billard, un juge qui se «trompe» d’assassin ou un politicien qui se «fourvoie» dans des choix stratégiques, bénéficient de préjugés favorables. Le risque médical, l’erreur judiciaire et l’idéologie seraient-ils moins préjudiciables que le fait de dire une vérité? Nixon aurait terminé tranquillement son second mandat, Sabra et Chatila n’auraient jamais été connues, le meurtre de Rodney King, juste parce qu’il est noir, par des policiers américains, aurait été resté impuni, et des milliers d’Irakiens auraient continué à servir d’urinoirs, de défouloirs à des détraqués sexuels et de lampes humaines si des journalistes n’étaient pas venus mettre leur grain de sel. Si d’autres avaient choisi les boat people durant la décennie rouge algérienne, des loups auraient continué à tuer et à égorger, déguisés en brebis, faisant endosser la responsabilité de centaines de massacres à des soldats que l’opinion internationale a vite fait d’habiller en loups. Le journaliste ne devrait pas être le héros d’un jour quand il est l’instrument qui éclaire et récolter une ardoise pleine de zéros quand il éblouit. Si les Occidentaux pompent nos élites, et s’ils sont parvenus à donner d’eux une image où le quidam peut tutoyer le puissant devant un juge, c’est justement parce que des journalistes ne sont pas mis en prison quand ils confondent un Premier ministre, un magistrat ou un général. Miloud Horr


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