Algérie

H’lal alihoum, H’ram Alina



Jouer le jeu et être vigilant Le recensement de la population et du logement, le 5ème depuis l’indépendance, démarrera aujourd’hui. L’opération a une très grande importance car elle permettra, outre de connaître le nombre d’Algériens et de logements, de répartir les populations par tranche d’âge, sexe, situation matrimoniale, de dessiner une pyramide, connaître le nombre d’enfants scolarisés, préciser le nombre de chômeurs, de filles ou de garçons restés célibataires alors qu’ils auraient dû être parents, et enfin dresser des tas de courbes qui serviront à définir comment vivent les Algériens et déterminer en conséquence les besoins pour orienter l’économie. De savoir combien vivent dans un deux-pièces, de décrire le mode de vie, de savoir combien y a-t-il de téléviseurs, de gazinières, de réfrigérateurs ou de micros personnels par famille et combien sont dans une situation précaire. Des données qui aideront le gouvernement à rectifier le tir, si nécessaire, d’apporter une aide -autre que celle que prévue par les mécanismes de solidarité en vigueur- ou d’opérer une meilleure répartition des projets socioéconomiques par la connaissance du nombre d’habitants exact de chaque village, ville et wilaya, même si toutes les données évoquées comporteront raisonnablement une marge d’erreur qu’il s’agit de réduire au maximum. Le recensement vise donc à connaître toutes ces informations et beaucoup d’autres, encore, qui feront que la masse récoltée est classée «très confidentiel», à la limite du «secret». Connaître le nombre exact de médecins qui exercent, ceux qui font autre chose que ce à quoi les prédestinent leurs études supérieures, quel est le revenu et combien d’enfants sont nés, ont fini leurs études ou se sont mariés depuis le dernier recensement, sont des données à garder jalousement, d’autant plus qu’ils serviront d’indicateurs plus fiables que les chiffres que nous communiquent les commis de l’Etat. La seule inconnue sera la réaction des acteurs sans lesquels ce recensement ne pourra se faire, réaction qui constituera le ventre mou de l’opération que l’on imagine difficile, autant au moment de son exécution qu’au moment où il faudra réunir, synthétiser, analyser -bref- faire parler ces centaines de millions de renseignements. Si l’agent de recensement n’est pas un policier venu enquêter et si le formulaire à renseigner n’est pas un mandat de perquisition, force est de reconnaître que beaucoup de gens multiplieront les difficultés ou tenteront de donner de fausses informations, non pas pour tromper l’agent, mais dans un réflexe de survie. Car beaucoup penseront que leurs déclarations leur «amèneront» logement, travail et tout ce dont ils rêvent et qu’ils pensent être un dû. D’autres feront de fausses déclarations parce que cela les amusera, et d’autres encore trouveront là l’occasion de dire à la Houkouma ce qu’ils n’ont pas pu faire parvenir à un maire, un chef de Daïra ou à un wali. L’on évoquera un enfant disparu lors de la tragédie nationale, un fils qui a péri lors d’une tentative d’émigration clandestine ou une solidarité dont ils ne bénéficient pas. Miloud Horr


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