Algérie

H’lal alihoum, H’ram Alina



A vous l’antenne! «Les Algériens vont, enfin, savoir ce qu’est le 38" dira un citoyen de Tissemsilt, une wilaya qui vient d’avoir «sa» station de radio. Ce besoin de s’extérioriser et de se faire connaître traduit l’isolement de cette région enclavée et qui n’arrive pas à réussir son décollage, économique ou autre. A vocation agropastorale, Tissemsilt et ses environs souffrent du chômage et du manque d’infrastructures socioéconomiques, ce qui a donné le sentiment aux jeunes qu’ils vivent en étrangers dans leur propre pays, et contraint nombre d’entre eux à aller rechercher à Oran, Mostaganem ou Tiaret ce qui fait défaut chez eux. La région qui a été le barycentre du triangle de la mort a d’ailleurs durement été frappée par le terrorisme. L’on se souvient qu’un wali y a perdu la vie alors qu’il tentait de faire bouger les choses.Comme tous leurs congénères de la campagne, les habitants de la région ont le sentiment qu’ils sont des laissés pour compte, d’où ce besoin de vouloir faire connaître au reste du pays ce qu’est le 38, Tissemsilt, une manière de vouloir marquer une identité et s’affirmer comme des citoyens à part entière. Parler, informer, faire son travail de journaliste n’est pas chose aisée et nécessite des compétences car les ondes seront les vecteurs de ce dont seront capables les enfants de la région parce qu’en vertu des dispositions en vigueur, travailler dans une station de radio est une opportunité d’emploi qui doit bénéficier en priorité aux locaux. Les Tissemsiltis n’apprécieront, certes, pas d’entendre le speaker relater un événement avec un accent tlémcenien, algérois ou annabi. C’est pourquoi il y avait foule pour tenter de décrocher un des 20 postes à pourvoir. Plus de 400 candidats au total qu’il fallait départager dans une transparence (à prouver) pour ne sélectionner que les «meilleurs». Des techniciens, des commentateurs, des journalistes, des rédacteurs, des traducteurs, enfin tout ce qu’il faut pour animer une radio. Culture générale, diction, essais de voix et autres tests et entretiens ont été nécessaires pour opérer la sélection. Un des responsables de l’opération fera ce triste constat: «entre la formation dispensée dans les techniques de communication dans les établissements spécialisés et ce qui se fait sur le terrain, il y a un gouffre!» Une réalité qui se vérifie dans tous les secteurs d’activité. Conscient de la sévérité du jugement, le responsable atténuera, cependant, ses propos en précisant que les candidats au marché du travail n’ont pas suivi de stages d’application et accusent un déficit en pratique. La station de radio, lancée hier, servira donc d’école d’apprentissage afin de masquer les tares de notre système éducatif et universitaire. Prendre les meilleurs est une manière d’accélérer le démarrage de la station et permettre de produire des émissions de qualité qui reflèteront la culture, les us et coutumes locaux pour que le reste des Algériens apprenne à connaître qui se cache derrière ce numéro 38. Encore faut-il que cette crème, 20 sur plus de 400, soit réellement la crème, qu’elle puisse s’exprimer et traduire les réalités quotidiennes des habitants et non la conditionner dans des box modernes, certes, mais qui étoufferont toute créativité ou génie. Miloud Horr


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