L’obstacle majeur
Lors de la campagne présidentielle, le président de la République avait promis de régler deux épineux problèmes qui minent la société algérienne. Des problèmes majeurs qui sont à l’origine de beaucoup de fléaux sociaux mais qui ne sont pas, à proprement dire, spécifiques à notre pays. Si la crise du logement ne les touche pas dans les mêmes proportions, tous les pays de la planète sont en revanche confrontés au problème du chômage. A tel point que la gestion du nombre de demandeurs d’emplois est devenue en Europe, par exemple, une véritable religion. La baisse ou la hausse de chômeurs est devenue un critère de solvabilité et une prouesse qui peut faire réélire un gouvernement ou, au contraire, provoquer sa chute. Pour cela, de véritables instituts de sondage, des chercheurs, et une armée de statisticiens sont en permanence à pied d’œuvre pour enregistrer le moindre gain, ou inversement. Lors de débats pour des élections législatives ou présidentielles, les camps en présence s’arment de tout un arsenal de données économiques et autres pour appuyer les programmes qu’ils proposent et convaincre les électeurs de leurs bilans. Tout ce travail de fourmi n’aura cependant aucune valeur si les règles de transparence et les procédures de recrutement ne sont pas clairement établies et connues de tous ceux qui arrivent sur le marché de l’emploi, mais également par ceux chargés de les accueillir et les orienter. Qu’en est-il en Algérie?
En temps de crise et selon la gravité des émeutes, des responsables communiquent et informent les Algériens tout en donnant une foule de chiffres qui ne convaincront personne. Le propos n’est pas de mettre en doute la sincérité d’un ministre de la République mais de s’interroger sur la fiabilité des données qui lui sont présentées. Car, sur le terrain, la réalité est tout autre. De l’universitaire au simple sans-grade, en passant par les jeunes fraîchement formés dans les CFPA, le candidat à l’emploi ne sait pas quel parcours emprunter ni quelles sont ses chances de décrocher un job. L’Etat a certes mis en place des mécanismes pour canaliser ces potentialités et placer chacune d’elles selon ses spécificités. Le fait est qu’après le dépôt du dossier, le candidat est confiné dans un black-out et ne sait plus où en sont les choses. Beaucoup de petits responsables, parce qu’ils sont aux premières loges, en profitent pour se sucrer ou placer un parent, ce qui anéantit tous les efforts déployés, et le jeune est contraint de partir à la chasse d’un recruteur bien introduit ou cotiser pour réserver une place sur un «boté» en partance. A cela, il faudra ajouter le handicap que rencontre le garçon car, à diplôme égal, la fille n’est pas astreinte à l’obligation de justifier sa position vis-à-vis du service national, ce qui lui permettra d’être plus facilement recrutée. En surface, les théoriciens du chômage continuent de tabler sur les opportunités qu’offrent les entreprises, l’industrie et l’administration. Une fuite en avant qui n’aidera pas à régler le problème car les entreprises sont plutôt en train de faire une cure d’amaigrissement, l’industrie est depuis belle lurette déstructurée et on ne peut pas embaucher tous les diplômés dans la fonction publique.
Il n’est pas dit que le chômage n’existerait pas si tout se faisait dans la transparence. Tout au plus il y en aurait moins, mais la crédibilité du réseau mis en place par les départements ministériels compétents aurait aidé beaucoup de demandeurs à supporter une attente longue et pénible, à être enclins à plus d’optimisme, et les chiffres que l’on nous communique auraient gagné en fiabilité. Le débat qui vient de se tenir au Forum, institué par un confrère, a été riche en enseignements. Il a mis en relief la difficulté de résorber le chômage.
Miloud Horr
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Posté Le : 01/04/2008
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com