Algérie

H’lal alihoum, H’ram Alina



Un pas en avant, deux en arrière Il y a quelques années encore, les Algé-riens étaient contraints de se déplacer à l’étranger pour pouvoir s’acheter une voiture neuve. L’opération était une véritable expédition, car il fallait d’abord trouver une AIV, la fameuse autorisation d’importation de véhicule qui fut au centre d’un trafic juteux et qui n’a jamais profité à ceux pour laquelle elle a été instaurée. Pour le commun des mortels qui disposait de la somme nécessaire et qui désirait acquérir le véhicule de son choix, il y avait quand même problème. Les dispositions en vigueur à l’époque obligeaient l’acheteur à s’adresser à des concessionnaires précis, et le choix était limité à quelques marques seulement. Les Algériens étaient obligés de payer 15% plus cher, en devises, un véhicule sous prétexte que la différence financerait l’achat de pièces de rechange; donnant l’occasion à certains responsables qui occupaient des fonctions importantes de s’adonner à un commerce plus que profitable, d’autant plus que la transaction était drapée de l’habit de la légalité. Cette période marqua les Algériens et donna l’occasion à toute une faune d’ouvrir des brèches dans le circuit des trafics. Cartes grises contrefaites, véhicules volés ou accidentés maquillés; une industrie qui trouvera de puissants relais parmi des fonctionnaires véreux dans les services compétents et qui s’étendit jusqu’à notre communauté émigrée qui exploita le filon en jouant sur les limites de l’incessibilité. Cet état de fait fit que le parc roulant algérien sentit fortement l’arnaque, ce qui obligeait l’acheteur potentiel à s’entourer de mille et une précautions pour acheter un véhicule d’occasion en se faisant accompagner par une nuée d’experts, mécaniciens, tôliers et d’autres connaisseurs. Les véhicules «ZH», interdits à la circulation sous d’autres cieux, achevèrent de faire de nos routes des antichambres des cimetières et de transformer les véhicules en cercueils roulants. Les années 2000 ont vu l’ouverture du marché de l’automobile aux concessionnaires et une multitude de marques firent leur apparition. Le crédit à la consommation aidant, des dizaines de milliers de voitures neuves sont venues rénover et diversifier un parc croulant sous la vétusté et auquel n’échappaient même pas les taxis censés être pourtant un moyen de transport sûr et rassurant. Le chemin parcouru est long et l’Algérien peut acheter un véhicule selon ses moyens sans avoir à en baver pour obtenir un visa pour faire un achat. Le salon international de l’automobile est venu compléter un processus de libéralisation du secteur, offrant au consommateur l’occasion de choisir son modèle, le cas échant de caresser, éveillé, un rêve et aller jusqu’à essayer une voiture qu’il avait à peine l’occasion de voir dans des magazines ou chez le voisin qui est bien introduit. De 43.000 voitures en 2000, les importations ont bondi à 188.000 en 2006. Une performance que n’ont pas pu réaliser nos voisins qui avaient pris pourtant bien de l’avance. Point ne sera besoin, donc, de recourir à une armée d’experts pour s’offrir un véhicule et les risques de se retrouver avec des «papiers» trafiqués sont devenus minimes. L’on n’enviera plus, l’ami ou le voisin qui a les mêmes moyens mais qui possède une voiture neuve. Tout le monde trouvera son compte. L’Etat qui prélèvera ce qu’il a à prélever, le concessionnaire qui réalisera ses bénéfices, l’acheteur qui repartira rassuré à bord d’un véhicule neuf, les assurances et... les voleurs qui trouveront là un nouveau filon à exploiter. Seule ombre au tableau, la pièce de contrefaçon qui risque de multiplier les causes techniques des accidents de la circulation et, plus grave, le retour à une pratique que l’on croyait morte et enterrée: l’autorisation d’importer de nouveau des véhicules d’occasion de moins de trois ans d’âge. Une mesure qui avait fait suffisamment de dégâts et dont la reconduction ne s’explique pas. Miloud Horr


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)