Algérie

H’lal alihoum, H’ram Alina



Sachons écouter Les enseignants ont toujours été à l’avant-garde de la protestation. Probablement parce qu’ils ont été les premiers à comprendre que l’UGTA ne leur sera pas d’un grand secours, raison pour laquelle ils ont créé leurs propres syndicats. Le marché de l’enseignement a beau être constellé d’organisations capables de paralyser lycées et collèges, comme ils l’ont prouvé, il y a quelques années, le combat ne mène à rien. La grève des dix semaines n’a pas servi à grand chose, sauf à faire prendre conscience aux enseignants que les pouvoirs publics n’aiment pas écouter. C’est de cette propension à ignorer les autres dont il est question, parce qu’elle a été le dénominateur commun à nos gouvernants et caractérisé un mode de gouvernance qui fonctionne au silence et à la rumeur.Le refus d’écouter a souvent conduit à des situations de blocages que ne saura dénouer un dialogue arraché sous la pression des événements, souvent tragiques, c’est-à-dire quand il est déjà (trop) tard. En dépit du fait que cette énième grève ait largement été suivie, les enseignants ne seront pas écoutés. «Ils se lasseront et rentreront dans les rangs». Peu importe si leurs exigences sont recevables ou fantaisistes, l’important est de les écouter et de discuter avant que la situation dérape, car dans d’autres créneaux, elle a dérapé. Ce qui explique le recours intensif à la corruption, le laisser-aller, la passivité et cette participation collective au pourrissement. Les Algériens ont appris à se méfier, ce qui fait dire aux jeunes, aux sinistrés, aux handicapés, aux retraités et autres victimes de catastrophes naturelles ou de l’incompétence: «Ouallah ma aâla belhoum bina». Un cri de détresse qui exprime le rejet de tout ce qui est houkouma et institutions. Le pire est que dans beaucoup de cas, la réalité leur a donné raison. Les législatives ont été un signal fort de cet état d’esprit mais, au lieu de décoder la colère silencieuse des électeurs et réagir, le ministère de l’Intérieur a failli succomber à l’intimidation. Ecouter n’est pas un aveu de faiblesse et il ne s’agit pas de faire des concessions, mais simplement de mener à terme une décision qui met en jeu la crédibilité de l’Etat. Une décision du gouvernement doit être suivie d’effet à l’échéance indiquée. Janvier doit être janvier. Déclarer que les augmentations sont effectives à compter du 1er, et multiplier les assurances pour calmer le front qui va vers un embrasement, est annonciateur de déliquescence et ouvre la voie à tous les dépassements. Beaucoup de produits ont déjà subi des hausses, et il est à craindre que la tchippa suive. Laisser traîner les choses n’arrange rien et amplifiera les fléaux qui gangrènent notre société. Pour ne pas avoir écouté les avertissements de l’opposition, Kibaki a fait basculer le Kenya dans le chaos alors qu’il était dans une phase ascendante. L’appel au dialogue lancé à Odinga ne sera pas écouté. La comparaison peut sembler impropre, le fait est que la nature humaine est imprévisible. L’Algérie, pas plus que le Kenya, n’est pas à l’abri de colères, spontanées ou manipulées. Pour avoir brûlé une décennie durant, et le brasier n’est pas tout à fait éteint, les Algériens savent que le contexte est versatile. Miloud Horr


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)