Algérie

H’lal alihoum, H’ram Alina



550 milliards pour ça? L’événement ACCA «Alger, capi-tale de la Culture arabe 2007» prendra fin comme il a commencé, c’est-à-dire dans l’indifférence la plus totale. L’ENTV aura beau rajouter un supplément culture dans le JT, rien n’y fera. Durant une année, la Culture n’aura jamais été que le reflet de ce qu’elle est réellement: un produit (médiocre) à la carte pour (justifier) de gros budgets. Jamais événement, censé être l’émanation de ce qui est artistique, n’aura été autant ennuyant. Avec un budget, sans commune mesure avec l’événement, «Alhan oua Chabab» a réussi -le temps d’un retour d’école- à réconcilier les Algériens avec le petit écran. En l’espace d’une tournée pour sélectionner les futurs stars de la chanson, l’émission a permis de faire découvrir aux Algériens ce que les milliards de l’ACCA n’ont pas su leur montrer: la richesse et la diversité, l’innovation et le cabotinage, l’art à l’état brut et le don, certes, mais surtout une Algérie profonde et nue sans le faste des réceptions, des princes, des Fakhamet quelque chose, et des tapis rouges qui ont contrasté avec les salles crasseuses qu’il fallait masquer avec un drap, mais rendues à la vie par cet immense engouement de notre jeunesse pour l’art. Loin des feux de la rampe, la caravane de «Alhan oua chabab» a su mettre le doigt sur la plaie: la Culture en Algérie est le fumier produit par des vaches grasses et bien nourries mais qui peut s’avérer être le meilleur des fertilisants pour rendre productive une terre aride. Les costumes riches et coûteux qui habillaient les membres des délégations venues se produire à Alger dans le cadre de la semaine culturelle des wilayas, cachent à peine la perte de nos traditions et de notre identité. Le mode de vie des Algériens a changé: les robes traditionnelles ne sont plus de mise aujourd’hui, pas plus que les apparats qui ne servent qu’occasionnellement lors de mariages. L’Algérie a subi de plein fouet la mondialisation, ce qui a fortement influencé les us et coutumes, et la politique a fait le reste. Ce qui est plus grave, cependant, est le fait que l’ACCA a fonctionné avec des clichés conformes aux années 70, car ni à Tlemcen, pas plus qu’à Constantine, les Algériens ne se comportent comme ce qui a été dépeint. De quelle Culture propre peut-on encore se prévaloir quand le cinéma qui est un des principaux supports du rayonnement, à l’image de ce qui se passe en Amérique ou en Egypte, est enterré depuis des décennies? Kassamen n’était pas chanté chaque matin dans les écoles, avant, mais l’Algérien avait le nationalisme à fleur de peau et aimait son pays. Ali la Pointe, Mout Ouquef ya Ali et Lakhdar Hamina, c’est-à-dire le cinéma, ont fait un meilleur travail que l’Oukaze de Benbouzid. De qui s’est-on moqué en organisant un festival du film arabe à Oran, une ville qui ne possède pas une salle de projection potable? La ministre a beau se jeter des fleurs et déclarer que l’ACCA a dépassé les objectifs tracés, la Culture restera le parent pauvre de tout ce qui est pauvre en Algérie. L’artiste n’a pas de statut, les grands noms de la chanson vivent à l’étranger, le personnel artistique est vieillissant et la cérémonie de remise des Fennecs pose problème aux organisateurs par manque de productions à primer. Miloud Horr


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