Algérie

H’lal alihoum, H’ram Alina



L’Africom en toile de fond S’il est un domaine où la coopéra-tion entre l’Algérie et la France n’a jamais connu de ratés, c’est bien l’aspect sécuritaire. Au lendemain même de l’indépendance, les plus grandes écoles militaires françaises ont ouvert leurs portes à des Algériens qui s’attelèrent à former, à leur tour, des générations d’officiers qui parleront le même langage que leurs homologues d’outre-Méditerrannée. Des policiers, des magistrats, des douaniers et des pompiers furent formés par centaines dans l’Hexagone. Soit la colonne vertébrale des services qui ont eu à gérer, discuter, combattre ou étudier le cas de terroristes qui ont retourné leurs armes contre leur pays, des criminels qui étaient eux-mêmes conseillés et soutenus par des officines françaises.Qu’il s’agisse de la période où Boumédiene était le «cauchemar» d’une France en butte à des Soixante-huitards, de Chadli, l’ami de Tonton, de Boudiaf Le Bref ou de Zeroual qui remonta en flèche dans l’estime de ses compatriotes en refusant avec fracas un rendez-vous clandestin avec un Chirac qui venait d’hériter d’une tutelle sur notre pays, tous les présidents algériens ont eu leurs émissaires secrets qui débarquaient incognito en France. Bouteflika ne dérogera pas à la règle. Il aura beau crier sur tous les toits que l’Algérie s’est farcie seule une décennie de criminels, Paris sera un passage obligé, d’autant plus que les départs de Blair et Chirac ont ouvert la voie à d’autres opportunistes qui savent que la légalité internationale n’est qu’un concept à sens unique, applicable dans des contextes précis et à débit variable. Un peu comme ces clapets anti-retour qui ne permettent le passage de l’eau que dans le sens où le souhaite l’utilisateur. Les bonbonnes de gaz qui firent quelques morts dans le RER parisien servirent plus la France qu’ils ne la punirent de l’»aide» apportée à une Algérie qui apprenait, dans la douleur, ce qu’elle valait quand elle n’avait plus de dollars. C’est fort de ces enseignements, d’un épais portefeuille et de promesses de contrats que Zerhouni est parti rencontrer, au grand jour, son homologue française pour passer en revue l’état de la menace terroriste, la coopération civile et militaire et les voies et moyens de contrer le déploiement d’Al-Qaïda qui menace la France, mais dont les troupes s’entraînent pour le moment en Algérie. Officiellement. Car dans la réalité, il ne faut pas perdre de vue qu’Alliot-Marie était ministre de la Défense et qu’elle pourrait être déléguée pour parler des intérêts de la France qui est en train d’être bousculée par des Américains qui ne se gênent plus pour ne pas respecter les limites des zones d’influence tacitement acceptées. Contre le féroce appétit américain, qui tient à ses bases dans le sud pour donner corps à l’Africom, quelles concessions a fait Zerhouni? Que comporte l’analyse de notre ministre, qui a failli être ministre de la Défense, et qui a tant emballé la Française? Un projet commun pour faire coup double, réduire le GSPC et barrer la route à Al-Qaïda? Si la manœuvre réussissait, elle constituerait un beau tacle à la superpuissance. Elle aurait pour avantage de ramener le groupe réfractaire à la paix à la portion congrue et couperait l’herbe sous les pieds des Américains, les privant d’un prétexte qui légitimerait leur implantation dans la région.


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