Algérie

H’lal alihoum, H’ram Alina



La crédibilité n’est pas un slogan Cycliquement, des citoyens se plaignent de dépassements dans des services publics. Celui qui défraie la chronique est sans conteste l’état civil. La plus burlesque des «erreurs» a été celle produite par les guichets de l’Apc d’Oran qui ont délivré, en mars passé, un extrait de naissance au profit d’une femme, Aïcha, un prénom très célèbre pourtant, mais que le préposé avait inscrit sur le document, comme étant de sexe masculin. Mieux, le ridicule ne tuant plus, ni en Algérie, ni à Oran, les mêmes services ont délivré un acte de naissance à un homme marié sans que les mentions marginales le précisent, alors qu’il s’agit d’un document certifié «d’origine». Pire, il est précisé dans le même document que l’intéressé a déclaré s’être marié dans les années soixante-dix avec... un autre homme, c’est-à-dire bien avant l’avénement du PACS en France! Les plus permissifs diront qu’il ne s’agit-là que d’une simple erreur, et que l’erreur est humaine. D’autres, moins optimistes mais marqués par les courbettes, soutiendront que les erreurs ont été sciemment commises pour les contraindre, quand même, à passer par le «circuit informel», alors qu’ils ont choisi d’attendre stoïquement de recevoir par les canaux légaux le précieux document. Dans les deux cas, il s’agit de pratiques qui portent un très sérieux coup à la crédibilité des institutions de l’Etat algérien, un comportement qui légitime l’attitude des autorités françaises qui exigent des tests ADN pour prouver la filiation des personnes qui postulent à un regroupement familial. Face à ce phénomène qui semble se normaliser, tant les «erreurs» se multiplient, faut-il s’offusquer du fait que l’Etat français accuse des pays africains de corruption, parce que délivrant des documents falsifiés, ou du pied de nez fait à la dignité et aux droits de l’Homme à des ressortissants qui deviennent, le temps d’un prétexte, des héros victimes de dictateurs et qui se transforment en zéros quand, nègres de service, ils n’intéressent personne? La crédibilité ne s’offre pas par d’autres, fussent-ils des pays «amis», mais se construit sur place, à la force du poignet, de la rigueur et de la discipline. Elle répond à des labels et s’impose comme cette qualité de la vie que les milliers d’Algériens -choisis ou clandestins- vont conquérir munis d’un diplôme ou à bord d’un rafiot. A quoi sert un extrait de naissance que l’on attend en moyenne 25 jours, souvent plus d’un mois, et que l’on n’obtient parfois jamais, s’il comporte des erreurs, sinon à donner du crédit à des thèses racistes et discriminatoires, parées de beaux atours? N’aurait-il pas mieux valu que l’état civil soit informatisé pour lever les suspicions qui discréditent le service public, éliminer le bakhchich, apurer des listes électorales sans que l’on ait à aller s’inscrire, à circonscrire la fraude, à établir les listes des vrais nécessiteux, à chiffrer avec précision la population et ses composantes, à établir des statistiques fiables, à... A beaucoup de choses que bien des responsables, qui ont fait de ces carences leur cheval de bataille, n’osent pas ou ne veulent pas s’attaquer.


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