Les limites du comparable
En relativisant les travers de la scène nationale, en les comparant à ce qui se fait ailleurs -sans doute pour les amarrer à des normes usuelles et les étalonner selon la conformité internationale- certains acteurs politiques ont contribué à faire des Algériens des observateurs avertis. Des analystes en puissance qui ne ratent aucun événement international pour s’en inspirer, puisque «ailleurs» est la référence, même s’il ne s’agit que de comparer, sans pour autant confronter. Si l’essence de cette comparaison est de traduire en aspect «normalisé» des ratés qui se ressemblent, pour les standardiser, très rares auront été les fois où la réussite a été «rabaissée» au rang normalisé, car constituant une occasion de se distinguer et de se placer en modèle à suivre.C’est ainsi que les électeurs algériens ont suivi les législatives françaises. Des Législatives remportées par l’UMP auquel appartient Fillon, le Premier ministre français, tout comme en Algérie où le FLN permet à Belkhadem de gouverner. Il s’agit-là, cependant (ou malheureusement), de l’unique point commun entre les Parlements de deux pays démocratiques qui désirent s’allier pour le meilleur, en laissant le pire au jugement de l’Histoire. Car, contrairement à ce qui s’est passé au palais Zighoud Youcef, la réaction de l’électorat français a été prise en compte. Le contrecoup du second tour a créé le contrepoids à cette vague bleue -l’équivalente de la coalition présidentielle en Algérie- qui devait déferler sur le palais Bourbon et qui allait rabaisser les autres formations au rang de simples figurants. Une situation qui allait mettre en péril le concept même de démocratie, car en gouvernant en roue libre, et Sarkozy et l’UMP allaient rayer la France de la liste des démocraties puisque légiférant et exécutant sans risque d’opposition, ce qui aurait transformé la France en dictature légitime, une contradiction avec les résultats des Présidentielles qui ont vu les deux candidats se partager l’électorat, presque identiquement. Mais ce sera la démission de son poste de superministre, parce qu’il n’a pas été élu député, que Juppé privera de motifs de comparaison, les responsables algériens qui s’entêtent à tout vouloir ramener à la normale là où il n’y a rien à comparer.
Verrons-nous, un jour, un ministre algérien démissionner pour des motifs identiques? Peu probable, pour la simple raison que la tendance est inverse en Algérie. Les ministres démissionnent de l’APN parce qu’ils ont été «élus» au gouvernement, même si la qualité de député n’a duré que le temps d’une campagne électorale, et que le poste de ministre était (déjà) réservé.
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Posté Le : 19/06/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com