Sortir du cercle d’Elsa En Algérie, tout comme ailleurs, la femme a été célébrée avec faste et ostentation en cette journée que la communauté internationale a décrétée sienne. Une fête trop voyante qui fait du 8 mars une journée disproportionnée et contradictoire avec la réalité des 364 jours restants. Aux petits soins de celle que Louis Aragon a qualifiée «d’avenir de l’homme», les orateurs occasionnels se sont fait les chantres des Elsa d’Algérie, alors que le reste de l’année ils sont les premiers à leur bander les yeux, un handicap qu’ils sont les premiers à dénoncer. Si l’homme, dans un réflexe macho, pour reprendre l’expression féministe consacrée, n’est pas prêt à rétrocéder des privilèges que sa supériorité présumée lui a permis de s’adjuger, il reste que le combat de la femme en Algérie n’a pas su s’élever et se départir d’un cliché, dépassé, et qui s’est figé sur une revendication d’égalitarisme qui a perdu de sa quintessence, parce que trop galvaudée.Il ne fait plus de doute que la femme est l’égale de l’homme. Le fait est accepté dans notre pays, y compris par les plus réfractaires qui encouragent, aujourd’hui, leurs filles à aller le plus loin possible dans leurs études pour devenir «quelqu’un», et qui vont jusqu’à regretter de ne s’en être rendu compte que tardivement. Se référer à des critères précis, de représentativité par exemple, comme diriger une entreprise stratégique, ou quantifier le nombre de représentantes au Sénat, à l’APN ou au gouvernement, peut s’avérer cependant trompeur car obéissant souvent à des schémas tactiques et non à l’évaluation objective de l’amélioration de la condition féminine. Si l’Algérie disposait, intra muros, de plusieurs exemplaires de Assia Djebbar en littérature, en médecine, ou en astronomie, de Boulmerka(s) en sport, d’autres en politique, en économie ou dans les arts, la situation de la femme se serait résolue d’elle-même. Car qui s’étonne, aujourd’hui, qu’une femme soit chef de service dans un grand hôpital universitaire ou une magistrate importante? Très peu, parce que son accession est naturelle et non le fruit d’une compromission pour faire dans le politiquement correct. Ce ne sera pas en continuant à dénoncer des inégalités, des violences conjugales ou à revendiquer des concessions qui choquent frontalement la religion -et une grande partie de ses consœurs- que la femme algérienne sera présidente de la République, chef de gouvernement, ou majoritaire dans les institutions, car les discriminations sociales ou le statut de victime dans le couple n’est pas le propre de l’Algérie, mais est commun à tous les pays de la planète, y compris ceux dirigés par des femmes.
Posté Le : 10/03/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com