Une translation du problème Face à la désorganisation du marché des fruits et légumes, qui a contribué à la précarité de la société, le gouvernement a réagi, en conseil interministériel, en décidant la création de 50 marchés de gros et 838 de détails. Si la nouvelle a de quoi réjouir les citoyens, qui espèrent une amélioration de leur pouvoir d’achat, la baisse des prix des fruits et légumes n’est, cependant, pas pour demain. Trois facteurs, au moins, concourent à maintenir la tendance actuelle: la sécheresse qui persiste, la durée de réalisation, étalée sur cinq ans, des infrastructures évoquées et le jeu de coulisses. Les agriculteurs n’attendront, certes, pas qu’ils disposent d’infrastructures pour produire davantage au moment où les spéculateurs s’ingénient à trouver la parade pour stocker plus, développer les capacités de rétention et réguler à leur guise un marché dont la maîtrise échappe au ministère de tutelle, selon les propres aveux de hauts responsables. Une dérégulation observée depuis plus de 20 ans et qui remonte à une période où le consommateur, inquiet face à la corrosion de son pouvoir d’achat, tentait de riposter par une grève du couffin mal coordonnée et ponctuelle, beaucoup plus symbolique qu’opérationnelle. Si le citoyen, qui attend des pouvoirs publics une décision énergique qui le sauvera du naufrage ménager qui le guette quotidiennement (alors qu’il était limité au seul mois du Ramadhan, auparavant), devra se contenter de la construction de marchés et espérer que le Conseil a ciblé la cause réelle de l’anarchie, il reste que les Algériens devront prier pour que la concrétisation du projet soit au rendez-vous des délais fixés. Ce qui n’est pas évident du fait de la collusion d’intérêts de spéculateurs qui compliquera l’aboutissement du plan interministériel. Ceux de la pomme de terre, pour ne citer que cette catégorie, auxquels ne manqueront pas de s’acoquiner ceux du ciment, du rond à béton ainsi que la maffia du foncier. La dérégulation est-elle, réellement, un problème de marchés de gros, 42 uniquement qui détiennent 40% des parts de la distribution laissant les 60% restants aux seigneurs du circuit informel? N’est-elle pas, plutôt le fait d’une désorganisation (volontaire?) de l’appareil de contrôle, la concurrence et la répression des fraudes, et le contresens de lois qui ne vont pas de pair avec le développement de la société et de son ouverture sur une économie de marché? N’y a-t-il pas un risque de confondre, à l’avenir, les objectifs à atteindre? Il y a gros à parier qu’on parlera, dans quelque temps, de retards dans la réalisation des marchés plutôt que de distribution et de baisse des prix, ce qui conduira au traitement du problème dans sa forme au détriment du fond.
Posté Le : 07/03/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com