La Guinée serait-elle plus démocratique? L’Algérie serait-elle devenue le pays où la voix de la sagesse n’est pas écoutée? Un pays où le responsable en poste serait nanti d’un pouvoir exceptionnel, celui de ne pas se tromper, d’ignorer l’appel de la raison, et de punir -même si les plaignants ont de bonnes raisons de se plaindre? Ce qui se passe dans un des lycées de la capitale est la parfaite illustration de cette Algérie malentendante et malvoyante, mais bien loquace quand il s’agit de culpabiliser et de fuir là où il fallait écouter et regarder. Sans préjuger des positions des uns et des autres, est-il logique qu’une grève se poursuive deux mois durant et, plus grave encore, menace de se durcir sans que le Premier responsable du secteur ne prenne les mesures qui s’imposent? Il ne s’agit pas, automatiquement, de punir l’incriminé en éjectant un chef d’établissement que refusent des enseignants depuis plus de quatre ans et qui, faute d’être entendus, ont choisi la solution extrême, celle de faire grève, ou de débouter ceux qui s’estiment lésés, en les lésant davantage en recrutant des casseurs de grève, selon la déclaration des enseignants. Ni de violer la loi, selon que l’on se place de l’un ou de l’autre bord. Mais de trancher. Choisir de laisser la situation en l’état ne contribue pas à redorer le blason d’un secteur terni depuis longtemps. Le cas du lycée Emir Abdelkader, à Alger, ne serait pas le seul à être victime de cette cécité qui frappe les responsables quand il faut faire preuve de responsabilité, d’autant impérative et nécessaire lorsque l’objet de la polémique est accusé d’être un protégé de l’arbitre. Combien de petits conflits ont enflé et pris des proportions gigantesques avec des conséquences dramatiques alors que le bon sens militait pour une solution évidente, mais qui avait le malheur d’écorcher la fierté de l’autre? La Guinée aurait pu faire l’économie de 113 morts pour une décision absurde prise par un président que la longévité du mandat avait frappé de cécité politique et de manque de discernement en désignant, contre la volonté de son peuple, un proche au poste de premier ministre. Après une grève qui a paralysé le pays et fait perdre en crédibilité, les syndicats ont fait «plié le régime» et un nouveau premier ministre (accepté de tous) a été désigné. Dans le conflit algérois, absurde peut-être, il ne s’agit pas de faire plier ou de se plier, mais de faire en sorte que l’intérêt général soit sauvegardé et d’éviter une contagion qui pourrait avoir des conséquences imprévisibles. Pourrons-nous, dans le cas du lycée Emir Abdelkader, éviter le syndrome guinéen?
Posté Le : 06/03/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com