Ben M’hidi l’interdit
«L’Algérie ne se sent pas concernée par le commandement américain spécifique à l’Afrique», «Il n’y aura jamais de bases militaires étrangères en Algérie», sont les propos qui découlent d’une déclaration faite, hier à la radio, par un ministre des Affaires étrangères conquérant. Des mots prononcés sur un ton qui ne laisse planer aucun doute quant à l’intention de nos gouvernants de ne pas céder aux pressions américaines en autorisant le déploiement de bases militaires US sous couvert de lutte contre le terrorisme international.
«Certes, aucun pays n’a encore fait des propositions en ce sens, parce que tout le monde sait que la réponse sera négative», a précisé Bedjaoui. Une position nette qui lève toute ambiguïté, 50 ans, jour pour jour, après l’assassinat de Larbi Ben M’hidi, un symbole de la résistance nationale «suicidé» par le père de la gégène, le sinistre Aussarresse, sans avoir trahi ses compagnons d’armes.C’est en ayant ce sacrifice en tête, que le chef de la diplomatie algérienne a tenu à clarifier une situation qui tendait à devenir de plus en plus confuse, ces derniers temps.
D’autant plus que le «savoir-faire» algérien, en matière de lutte antiterroriste, est devenu un leitmotiv pesant dans les déclarations des officiels américains qui ont transité par Alger. Pourquoi Bedjaoui a-t-il insisté sur ces précisions d’une clarté sans équivoque, et pourquoi s’est-il engagé d’une manière aussi tranchante, alors qu’en sa qualité de diplomate des propos plus mesurés -mais bien fermes- auraient pu faire l’affaire? Serait-ce, justement, parce que le langage velouté n’a plus suffi face à un appétit américain devenu gargantuesque? Que leur comportement ait été dénué de toute retenue allant jusqu’à leur faire confondre l’Algérie avec l’Irak, un pays «souverain» mais dirigé en sous main par Khalilzad, ambassadeur à ses heures perdues?
L’épisode des officiers américains renvoyés faire leurs classes en épluchant «La bataille d’Alger» a flatté notre ego, mais ne nous a pas fait perdre de vue que le Pentagone forme les nôtres «pour améliorer leurs capacités». Une contradiction qui cache ou une arnaque, ou une grosse carotte mais qui hypothèque ce qui nous reste de souveraineté nationale si nous nous amusions à jouer aux baudets. Si l’Algérie, qui négociait à Evian, a réussi à soustraire de la convoitise française Mers El-Kébir, ce ne sera certainement pas après avoir traversé, sans soutien, une autre guerre, qu’elle cédera aux courtisans d’aujourd’hui qui l’avaient critiquée hier.
Ce serait comme si Ben M’hidi avait parlé, sans avoir été torturé et que Bedjaoui n’a jamais fait partie de la délégation aux négociations d’Evian et de Lugrin pour l’indépendance de l’Algérie.
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Posté Le : 04/03/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com