Il n’y a pas de harraga en Amérique Benbouzid semble attacher beaucoup d’intérêt à la culture patriotique de nos élèves. Ses visites sur le terrain ont même tendance à prendre une tournure qui frise l’inquisition. Le motif? Veiller, personnellement, à ce que les jeunes reprennent goût à un civisme qu’on veut leur inculquer, contre leur gré, alors qu’enseignants et encadrement censés donner l’exemple rivalisent d’ingéniosité pour échapper à ce que les lycéens appellent, désormais, «la corvée des couleurs». Un rapide coup d’œil aux abords des lycées permet de mesurer l’étendue du décalage qui existe entre le culte que vouent les Américains à leur drapeau et celui des Algériens au leur. Des dizaines, la centaine dans certains cas, de jeunes restent aux abords de leur établissement, préférant voir se refermer des portails au lieu d’accourir assister, «la main sur le cœur», à la levée des couleurs, alors qu’ils avaient tout le temps de rejoindre la place d’armes improvisée. Le constat est, certes, consternant et ne présage rien de bon pour l’avenir. Mais faut-il, seulement, s’étonner que des lycéens refusent –le mot est juste- de saluer un symbole de souveraineté nationale au moment où rien n’a été fait pour les amener à sacraliser valeurs et emblèmes? Ce ne sera pas en leur rappelant le sacrifice consenti par des centaines de milliers de leurs compatriotes que l’on espèrera les ramener aux normes américaines. Evoquant des cas précis, les moins agressifs répondront que Eddaoula n’a rien fait pour les orphelins de Chahids qui en sont encore à demander un toit ou un emploi. Ils vous citeront l’exemple d’Algériens qui ont tourné le dos à la gloire, pour l’honneur des couleurs, et qui ont eu la carrière cassée à cause d’un tel choix. De quel civisme faut-il se prévaloir quand ceux qui ont abusé du système ne regardent même pas l’ENTV et, pire, ont banni toute capacité de réception des émissions nationales? Ils vous parleront de ceux qui ont été marginalisés parce qu’ils ont donné quelque chose et vous diront que tout ce qui est bon (en Algérie) est voué à l’abattage. Ils vous raconteront la frustration des harragas qui ont préféré affronter la mort et citeront les exploits de ceux qui y ont échappés. Avant «la décision», peu d’élèves arrivaient en retard. Ceux qui habitaient loin faisaient des efforts pour éviter à leurs parents une convocation. Après, ce fut la libération. Car sous la loi du nombre, des chefs d’établissement procèdent au nouveau rituel mais rouvrent les portails aux «retardataires», les exemptant de la présence d’un tuteur. Avant de prendre sa «décision», Benbouzid aurait dû regarder ce qui se passe dans cette cour américaine qui fait que le jardin soit si joliment fleuri.
Posté Le : 28/02/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com