Algérie

H. Khelifati : "Investir dans l'agroalimentaire est moins risqué que l'assurance-vie"



C'est un patron de compagnie d'assurances échaudé qui s'est exprimé mardi sur Radio M, la web radio de Maghreb Emergent. Pour Hassen Khelifati, PDG d'Alliance Assurances, investir dans le segment de l'assurance-vie pour les petits assureurs est un leurre dans les conditions actuelles du marché. Il ne se fait pas d'illusions quant à la non-rentabilité d'un tel investissement. « Nous n'avons aucun intérêt à mettre 1 milliard de DA dans la filiale assurance-vie en n'ayant aucune garantie de la rentabilité de cet investissement », a-t-il asséné ce mardi lors de son passage sur l'émission « Invité du Direct » de Radio M. « Et miser sur la bancassurance serait suicidaire pour une compagnie de notre taille », a-t-il ajouté. Les raisons de ces appréhensions ' Khelifati cite entre autres les clivages imposés sur le marché par les banques et entreprises publiques d'une part et les entreprises et assureurs étrangers de l'autre. « Il est évident que les banques publiques vont travailler avec des assureurs publics et les entreprises françaises vont favoriser une banque ou un assureur français », a-t-il argumenté, estimant que les chances de survie pour les assureurs émergents sont réduites. Dans ces conditions, Alliance Assurances préfère plutôt se diversifier en décidant d'investir dans l'agroalimentaire, la pharmacie et l'immobilier en s'alliant avec des entreprises internationales.AXA siphonne les assureurs locaux
Interrogé sur l'impact de l'arrivée sur le marché algérien de l'assureur français AXA qui a créé une joint-venture avec la Banque Extérieure d'Algérie (BEA) et le Fonds NationaI d'Investissement (FNI), M. Khelifati estime que son entrée en Algérie a défavorisé les acteurs locaux car les règles du jeu ne sont pas équitables. « Sur le plan concurrentiel, c'est une bonne chose mais AXA a bénéficié d'avantages que nous ou d'autres compagnies locales n'ont pas eu », a-t-il déclaré. Le plus grand de ces privilèges et non des moindres est « d'avoir un actionnaire de référence qui est la BEA, la banque de Sonatrach ». Avec ce privilège, les clients de la BEA vont automatiquement aller chez l'assureur de leur banque, a-t-il expliqué. En outre, l'arrivée de AXA a engendré un « phénomène » où les entreprises françaises ou étrangères vont converger vers AXA pour s'assurer au détriment des compagnies locales. « Nous avons été victime de ce comportement avec Renault et d'autres clients internationaux », a-t-il révélé.
L'entrée en bourse, un sacrifice pour dynamiser le marché financier
Abordant les conditions de l'entrée en bourse d'Alliance Assurances qui a reçu un grand succès auprès du public, Khelifati regrette « que les choses ne se soient pas passées comme elles devaient l'être» et que les pouvoirs publics n'aient pas donné un signal politique fort en encourageant les banques étatiques à investir le marché boursier. « Plus de 90% de nos souscripteurs sont des particuliers. Cela vous donne une idée (sur ce manque de volonté politique) », a-t-il déclaré sur le ton du reproche. M. Khelifati a révélé que l'introduction en bourse de sa compagnie était un choix pour dynamiser le marché bousier algérien. «Nous aurions pu opter pour le fonds d'investissement international Amundy qui nous a offert 2,5 milliards de dinars pour 34% de notre capital mais nous avons accepté d'aller (en bourse) pour 1,4 MDS car nous considérons qu'il est de notre devoir et de notre responsabilité de créer et dynamiser ce marché boursier », a-t-il dit. En clair, en choisissant d'entrer en bourse, Alliances assurances a perdu l'opportunité de faire une meilleure opération avec un partenaire étranger.


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