Guinée : Les urnes de la violence

Le chaos ethnique présente une menace sérieuse contre l'avenir de la Guinée de la transition démocratique sortie des urnes, pour la première fois depuis l'indépendance de l'ancienne colonie française. Des violences post-électorales, opposant les deux grandes communautés ethniques (les Peuls du perdant, l'ancien Premier ministre Cellou Dallou Diallou, et les Malinkés du vainqueur, l'opposant historique Alpha Condé), ont suscité les pires appréhensions. La situation devient préoccupante, souligne Thierno Maadjou, président de l'organisation guinéenne des droits de l'Homme, parce que le conflit politique s'est transformé en conflit ethnique». Dans un pays soumis à  la loi de l'état d'urgence, maintenu jusqu'à la proclamation des résultats définitifs par la Cour Suprême, l'incertitude est le fait d'un engrenage redouté du cycle de violence et de la répression. «Les dirigeants doivent prendre des mesures urgentes pour mettre fin aux nombreuses attaques contre les civils sans défense et éviter qu les tensions politiques ne dégénèrent en violences interethniques généralisées contribuant à  l'instabilité régionale», relève l'ICG (International Crisis Group). Face à  cette situation, le vainqueur des élections, se proclamant le «Mandéla de la Guinée, a appelé à  la réconciliation t à  l'avènement d'un gouvernement d'Union nationale, tel que prévu par l'accord conclu entre les deux candidats avant la tenue du scrutin. «J'entends lui tendre la main pour qu'ensemble nous unissions nos forces pour développer ce pays», a-t-il affirmé. «La Guinée a de tels défis  que nous n'avons pas à  perdre notre temps dans les oppositions stériles et nous avons chacun un programme commun qui est de sortir la Guinée de cette situation de misère», a-t-il ajouté, plaidant pour un gouvernement d'union nationale pendant deux législations. Les défis colossaux  attendent la nouvelle Guinée qui aspire à  un changement dans la stabilité retrouvée et au développement économique largement favorisé par la richesse de son sous-sol. «On parle de la Guinée comme d'un scandale géologique tant le sous-sol est riche. Mais c'est aussi un scandale agricole. La Guinée pourrait àªtre la réserve de l'Afrique de l'Ouest. La priorité est de parvenir à  l'autosuffisance alimentaire», estime le nouveau président élu.