Algérie

Guerre médiatique



La hausse du prix du baril de pétrole, qui a atteint ces derniers jours 94 dollars, inquiète au plus haut point les Européens et les Américains. Ces derniers ont perdu leur influence sur le cours de l'or noir, même s'il leur reste encore la spéculation verbale pour tenter d'infléchir la courbe à la hausse. Et la sortie, avant-hier, du conseiller américain à la sécurité nationale, Jack Sullivan, qui a déclaré que l'administration américaine était en contact permanent avec l'Arabie saoudite pour assurer un approvisionnement stable en énergie, semble beaucoup plus destinée à éviter un affolement sur les marchés qui va tirer le baril vers les 100 dollars voire plus. Une déclaration, somme toute, rassurante mais qui ne tient pas la route. Car, le ministre saoudien de l'Energie a donné sa réplique, qui met à mal cette déclaration, en faisant savoir précédemment que le rôle de la stabilisation du marché n'est plus du ressort de l'Arabie Saoudite mais de l'OPEP +. Faut-il noter également que le 5 septembre dernier, une source officielle du ministère saoudien de l'Energie a annoncé que le Royaume prolongerait la réduction volontaire d'un million de barils par jour, qui a commencé à être appliquée en juillet 2023 et a été prolongée pour inclure les mois d'août et de septembre, et une autre prolongation pour trois mois supplémentaires, c'est-à-dire jusqu'à la fin décembre 2023. La réduction portera la production de brut en Arabie saoudite à près de 9 millions de bpj en octobre, novembre et décembre, et sera réexaminée, sur une base mensuelle, afin d'envisager d'augmenter la réduction ou d'augmenter la production. Dans une autre déclaration similaire, une journée avant la sortie du conseiller américain à la sécurité nationale, l'Agence internationale de l'Energie a déclaré que la demande de pétrole pourrait se stabiliser au cours de la présente décennie, les consommateurs se tournant davantage vers les énergies renouvelables pour éviter un changement climatique catastrophique. Alors qu'il n'en est rien, puisque les énergies renouvelables, tout le monde en est conscient, ne représentent qu'une infime partie de la production et la consommation énergétique actuellement à travers le monde, et nécessitent des investissements lourds au départ qui ralentissent ou dissuadent carrément les Etats sans moyens financiers conséquents. A ce propos, des spécialistes affirment que le monde n'est pas prêt à se passer des hydrocarbures.Mourad Preure, expert en énergie, a été très précis dans ce sens, soutenant lors d'une récente intervention que « les hydrocarbures formeront l'essentiel des besoins énergétiques mondiaux au moins jusqu'à l'année 2050 ». Pour notre expert, la campagne médiatique intense pour vendre l'illusion écologiste est derrière la hausse des prix du baril, à cause de ses effets sur la réduction des investissements dans la prospection qui a contribué à une baisse durable de l'offre sur le marché. Enfin, si le directeur exécutif de l'Agence internationale de l'Energie pense que « nous assistons, peut-être, au début de la fin de l'ère des combustibles fossiles », le secrétaire général de l'OPEP, prévient que l'abandon des combustibles fossiles « conduira à un chaos énergétique à une échelle sans précédent, avec des conséquences désastreuses pour les économies et des milliards de personnes dans le monde ». Une guerre médiatique autour du pétrole.


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