Algérie

Guerre larvée au FLN Les divisions s'exacerbent entre les tendances du parti



Guerre larvée au FLN Les divisions s'exacerbent entre les tendances du parti
Les tentatives d'arrangement entre les différentes factions du FLN qui se jouent en coulisses peinent à trouver un accord politique.
Plus de deux semaines après la destitution du désormais ex-secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, l'ex-parti unique est bloqué dans une impasse. La «guerre civile» que se sont livrée les antagonistes composant l'hétéroclite comité central rend difficile le rapprochement des positions. Au contraire, elle aggrave davantage la crise. Les tractations en vue d'un accord sur le futur secrétaire général du FLN exacerbent les divisions. «Ça va s'accentuer dans les jours à venir. Beaucoup de cadres s'enferment dans des logiques suicidaires», nous confie un hiérarque du parti.
Abderahmane Belayat, qui est à la man'uvre pour la réconciliation, admet que «jusqu'à présent, aucun consensus ne s'est dégagé autour d'une personnalité. L'idée d'une direction collégiale n'est pas du tout à l'ordre du jour». Lui qui a présidé, jeudi dernier, une réunion du bureau politique s'est suffi à dire qu'il «continue les contacts en vue de détendre l'atmosphère au sein du parti. Nous travaillons à réunir les conditions nécessaires pour la tenue de la prochaine session du comité central, pour élire le secrétaire général du parti». S'il estime qu'«il ne faut pas faire les choses dans la précipitation», il avoue toutefois qu'«il ne faut pas que cette situation s'éternise».
Cependant, de nombreux membres du comité central, dont des plus influents, contestent la légitimité du bureau politique. «Dès lors que Belkhadem est destitué, le bureau politique qu'il a lui-même composé après approbation du comité central est dissous de facto», pestent-ils. Une bataille statutaire sur fond de divergences politiques et clientélistes est rudement menée, enfonçant davantage un parti complètement phagocyté. «Les ruptures menant à l'éclatement du FLN ne sont pas à exclure si cette crise perdure», tance un des animateurs du mouvement de redressement qui a renversé Belkhadem. L'obstination de ce dernier à revenir aux commandes du parti, que beaucoup lui contestent au nom d'une «morale politique», laisse présager le pire.
«Le FLN, une SPA où chacun met ses actions»
En l'absence d'une autorité qui ait la haute main sur le comité central, des voix s'élèvent pour solliciter l'«arbitrage» de Abdelaziz Bouteflika, en sa qualité de président d'honneur du FLN, tant l'enjeu dépasse les querelles internes au parti. «A ce stade d'impasse, seule la légitimité du président du parti, Abdelaziz Bouteflika, pourrait débloquer la situation. Les textes du parti lui permettent, par délégation, de convoquer un congrès ou de présider les travaux d'une session du comité central», soutient Boudjemaâ Haïchour. Pourrait-il le faire et, surtout, en a-t-il les capacités ' Jusque-là, il a officiellement observé de la distance. «Il n'est ni contre ni pour Belkhadem dans cette bataille», assure l'ex-ministre.
Il est évident qu'à quelques semaines de la révision de la Constitution et à une année de l'élection présidentielle, le FLN est obligé, de gré ou de force, de sortir du bourbier. D'autant que de nombreux observateurs de la scène politique, tout comme les «dirigeants» du FLN, considèrent que la crise du parti est annonciatrice d'une secousse au sommet du pouvoir. «Rien n'est innocent. Il ne faut pas perdre de vue les conditions dans lesquelles s'est déroulé le dernier congrès du parti. La composante hétéroclite du comité central est savamment orchestrée. Au sein de ce comité central, il existe beaucoup de chapelles. Le FLN est une SPA (société par actions) où chacun a mis ses actions dans l'attente d'engranger les dividendes le moment venu. Il est dans la projection de l'élection présidentielle de 2014, si élection il y aura», dissèque Boudjemaâ Haïchour. Des acteurs «externes» agissent sur les instances du parti.
Le FLN n'étant pas un parti «indépendant», mais plutôt un appareil politique du régime, ne peut se permettre de délibérer en toute autonomie. L'avenir du FLN ne se décide finalement pas au FLN ; c'est une arène où s'affrontent clans et sous-clans du régime. Le parti a beau être une machine à «gagner» des élections, la crise chronique dans laquelle il s'est enferré depuis pratiquement la tentative avortée du défunt Abdelhamid Mehri de le libérer de la tutelle du régime, est symptomatique de l'instabilité tectonique au sein du sérail.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)