Algérie

Guerre économique en Libye



L'armée du maréchal Khalifa Haftar et le Gouvernement d'union nationale, qui n'arrivent pas à se départager sur le terrain militaire, recourent à d'autres moyens, notamment économiques, pour s'allier des franges de la population.Conscients que la situation sur le plan militaire est quasiment dans une impasse, les deux parties en conflit en Libye s'attellent à s'assurer le maximum de revenus, comme en témoigne le contrôle par chacune d'elle d'infrastructures économiques. Ainsi, chaque partie dispose de sa "banque centrale" et de sa "compagnie nationale" de pétrole (NOC). Si l'Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée par le maréchal Haftar contrôle depuis l'été 2018 les plus importantes installations pétrolières du pays, le Gouvernement d'union nationale de Fayez As-Sarraj gère la commercialisation et la gestion des revenus du brut qui reviennent à la compagnie pétrolière nationale (NOC) et à la banque centrale (BCL) basées à Tripoli.
Rappelons que des résolutions de l'ONU stipulent en effet que le pétrole doit rester sous le contrôle exclusif de la NOC basée dans la capitale. Et c'est à Tripoli de verser chaque mois les salaires des fonctionnaires dans tout le pays, y compris aux forces loyales au maréchal Haftar qui combattent pourtant le GNA. D'ailleurs, le chef du GNA avait menacé de priver les membres de l'ANL de leurs salaires, après le lancement de l'assaut contre la capitale, qui aurait été motivé, entre autres, par des raisons économiques, selon des analystes. Dans sa contre-offensive contre le maréchal Haftar, le GNA semble vouloir profiter des atouts économiques dont il dispose pour affaiblir ses rivaux. À la fin avril, la banque centrale à Tripoli a ainsi limité l'accès aux fonds à des banques basées dans l'est du pays, invoquant des "irrégularités" constatées dans les transactions des établissements financiers en question pour justifier ces restrictions. Sa rivale dans l'Est a aussitôt dénoncé une "répartition inégale" des revenus et fustigé une guerre régionale qui vise les banques de Benghazi, chef-lieu de la région orientale. Entre 2017 et 2018, les autorités parallèles dans l'est du pays avaient déjà essayé de vendre du brut sans passer par Tripoli, mais la communauté internationale, en particulier Washington, avait fait échouer ces tentatives.
Le GNA est en mesure de laisser la crise bancaire s'aggraver dans l'Est, en arrêtant notamment le versement des salaires des fonctionnaires, y compris ceux engagés dans l'ANL dans la région orientale, estime l'International Crisis Group. Pendant ce temps, le nombre des victimes ne cesse de s'allonger selon l'Organisation mondiale de la santé. Le dernier bilan de cette organisation onusienne indique que l'offensive de Haftar sur la capitale libyenne, qui a débuté le 4 avril dernier, s'est soldée à ce jour par 510 morts et 2467 blessés.

Merzak Tigrine


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