Algérie

Guerre déclarée entre pro et anti-Morsi Egypte



La capitale égyptienne, divisée en camps irréductibles, est sur le pied de guerre. Hier, tôt le matin, la nouvelle flambée de violence a fait des victimes dans des affrontements à coups de chevrotine et de pierres entre partisans et adversaires du président destitué, Mohamed Morsi, en détention secrète. La dérive sanglante plombe l'après-Morsi, marqué par le dialogue de sourds qui s'instaure entre les deux Egypte, revendiquant l'une et l'autre la légitimité électorale des Frères musulmans balayée par la légitimité populaire des adeptes de la « seconde révolution » conçue en alternative à la gestion chaotique et dictatoriale de Morsi. Plus : outre le dossier de l'« évasion » de prison, de graves présomptions de « trahison » pèsent sur le président déchu. Le fossé s'élargit. Et le bilan se fait plus lourd : 10 morts en moins de 24 heures, 150 victimes recensées depuis le mois de juin et une quarantaine d'autres dans la région instable du Sinaï, le terreau d'al Qaïda multipliant les attaques contre les forces de sécurité. Dans ce contexte de tensions permanentes, le président intérimaire, Adly Mansour, prône la réconciliation pour tenter de débloquer l'impasse politique et dénouer la crise aux conséquences tragiques. Dans une brève allocution télévisée, prononcée à la veille de l'anniversaire du renversement de la monarchie en 1952 par les « Officiers libres » conduits par Gamal Abdel Nasser, Mansour a évoqué, par-delà l'effet de symbole, les fondamentaux du processus révolutionnaire. « Après les deux révolutions de notre grand peuple, du 25 janvier 2011 et du 30 juin 2013, nous voulons ouvrir une nouvelle page pour notre nation », a-t-il déclaré. La référence explicite aux mouvements qui ont balayé successivement le président Hosni Moubarak en 2011 et Mohamed Morsi le 3 juillet 2013 ne laisse aucun doute sur le contenu populaire de la révolution qui a mis fin à l'ère dynastique de Moubarak et à la période éphémère des Frères musulmans prenant le train en marche et versés dans le sectarisme. La reprise en main dicte la « feuille de route » de transition du gouvernement technocratique de Hazem Beblawi, siégeant en première instance pour traiter des questions de sécurité et de l'économie. La commission de révision de la Constitution, nommée par le président Adly Mansour, a tenu également, dimanche, sa première réunion pour examiner les amendements proposés et ouverts au débat avec tous les partis, tenus de « s'exprimer de manière pacifique ». Le train des réformes est lancé pour tourner la page tumultueuse de Morsi et des Frères musulmans qui campent dans le refus de la main tendue par les nouvelles autorités de transition. En session improvisée dans la mosquée-QG de Rabaa Al Asawiya, les membres de la Chambre haute ont réclamé la restauration du président et de la Constitution, ainsi que « la fin immédiate de la disparition forcée » de Morsi. Sa famille se mobilise pour dénoncer son « enlèvement » et engager, selon sa fille Chaimaa, des « procédures légales localement et internationalement contre Abdel Fattah al-Sissi, chef du coup d'Etat militaire sanglant, et son groupe putschiste ». Elle entend poursuivre le chef de l'armée en justice. Le bras de fer sur le sort de Morsi qui se trouve en « lieu sûr » et « traité dignement », suscitant les inquiétudes de l'Union européenne et de la communauté internationale appelant à sa libération, ne semble guère influer sur la démarche des autorités transitoires déterminées à tenir le procès du président déchu interrogé, depuis, le 14 juillet, sur son évasion de prison, en 2011, au début de la révolte contre Moubarak. Dans les deux Egypte qui se livrent une guerre féroce, la longue déchirure instaure un climat de défiance lourde d'incertitudes.


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