Algérie

Guerre de succession



Décidément, la succession au Koweït ne se déroule pas dans la sérénité et la cohésion qui ont toujours caractérisé la famille régnante. Depuis la mort du cheikh Jaber Al Ahmad Al Sabah, une crise politique, sans précédent, s'est emparée de cet émirat au sous-sol providentiel. Le duel pour la succession a mis aux prises le prince héritier Saad Al Abdallah Al Sabah, un septuagénaire à la santé défaillante, avec son demi-frère, le Premier ministre cheikh Sabah Al Ahmad Al Sabah dont on loue « la jeunesse et les compétences diplomatiques ». Cheikh Saad Al Abdallah Al Sabah, faut-il le rappeler, a accédé automatiquement au trône, au crépuscule de sa vie, après la mort de l'émir du Koweït, le 15 janvier. Cependant, le vent de la contestation n'a pas tardé à agiter sa couronne. Tandis que le gouvernement koweïtien, sous l'impulsion de Sabah Al Ahmad Al Sabah, cherche à déclencher les procédures constitutionnelles nécessaires pour destituer l'émir, conformément à une loi sur la succession datant de 1964, ce dernier a maintenu, contre vents et marées, la pression en insistant pour qu'il prête serment. Hier, en fin de soirée, il était difficile de faire le point sur la situation tant les événements s'accéléraient et les revirements allaient bon train.Au moment où l'on s'attendait à une session parlementaire spéciale pour relever le nouvel émir de ses fonctions, le président de cette institution, Kassem Al Khorafi, a, à l'issue d'une rencontre avec cheikh Saad Al Abdallah Al Sabah, annoncé la tenue, mardi, d'une session extraordinaire afin de permettre à l'émir de prêter serment. Cependant, dire a priori que la crise est d'ores et déjà désamorcée, c'est ignorer la profondeur du malaise qui secoue la palais et méconnaître le personnage du Premier ministre, cheikh Sabah Al Ahmad Al Sabah. Peu auparavant, le cabinet koweïtien, selon des informations recueillies par l'AFP, devait officiellement demander au Parlement de convoquer une session extraordinaire pour destituer le nouvel émir, après l'échec des ultimes efforts pour le convaincre d'abandonner la bataille. « Le gouvernement va adresser dimanche au Parlement une requête, avec des rapports médicaux. Il lui demandera de convoquer une session extraordinaire pour engager les procédures constitutionnelles en vue de relever l'émir de ses fonctions », a, en effet, déclaré un responsable koweïtien cité par l'agence française. On ignore, toutefois, les raisons qui ont contraint le gouvernement de ne pas demander au Parlement de se réunir ni même les dessous de la volte-face parlementaire. Entre un gouvernement réticent et un émir persévérant, le président du Parlement a choisi le deuxième. La situation est, à la fois, inédite et énigmatique étant donné que les rapports médicaux confirment clairement que cheikh Saad Al Abdallah Al Sabah souffre d'une grave maladie qui l'empêcherait d'exercer ses fonctions. Avant-hier, cheikh Saad avait demandé au Parlement de convoquer une session extraordinaire pour lui permettre de prêter serment et d'être ainsi en mesure d'exercer ses fonctions. Néanmoins, M. Khorafi a indiqué qu'il suspendait sa décision en attendant de le voir. Selon la presse locale, la demande de M. Khorafi de rencontrer cheikh Saad avait été refusée et que le président du Parlement devrait, en conséquence, ignorer la demande de l'émir. Ce ne fut pas le cas puisque le Parlement a, en fin de compte, accepté de se réunir en session spéciale pour une prestation de serment du nouvel émir. La crise au palais n'est pas du goût de la majorité des députés koweïtiens, dont aucun n'appartient à la famille régnante. Ces derniers souhaitent une solution à l'amiable au sein de la famille des Al Sabah plutôt que d'être obligés d'engager une procédure de destitution. « Nous sommes disposés à soutenir toute décision que prendra la famille. J'espère qu'une solution sera trouvée dans les tout prochains jours et que nous n'aurons pas recours à la question de la destitution de l'émir », a déclaré à la presse le député islamiste Walid Al Tabtabak. Les journaux privés koweïtiens apportent un franc appui à cheikh Sabah, mais les médias officiels continuaient à présenter cheikh Saad comme émir. Des analystes ont invité la famille régnante à régler ses différends ou à accepter la procédure pour désigner cheikh Sabah comme émir. « Nous exhortons nos cheikhs à s'assumer et à trouver une solution constitutionnelle légale à l'actuelle crise », écrivait Abdellatif Al Duaij (libéral) dans le quotidien Al Qabas, repris par l'AFP.Ce que prévoit la loiPour voter la destitution de l'émir, le Parlement doit se prononcer à la majorité des deux tiers de ses 65 membres, incluant les 16 membres du gouvernement qui disposent d'un droit de vote à la Chambre. Un tel vote devrait ouvrir la voie au Premier ministre, cheikh Sabah Al Ahmad Al Sabah, l'homme fort du pays, qui dirige de facto l'émirat depuis plusieurs années, pour être nommé émir. Cheikh Sabah, selon les observateurs, jouit d'un soutien considérable au sein de la famille des Al Sabah, mais aussi au sein du gouvernement et dans la presse locale. Cheikh Sabah, 76 ans, est un habile homme politique qui a été ministre des Affaires étrangères pendant quatre décennies avant de devenir Premier ministre en 2003.


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