Algérie

Guerrara : Les nouvelles technologies pour préserver le patrimoine immatériel


L'association pour la préservation du patrimoine de Guerrara vient de clôturer en apothéose son projet de recueil de la tradition orale de l'oasis Guerrara visant la valorisation du patrimoine immatériel via des supports multimédias.Ce travail colossal a notamment eu pour fruit l'édition d'un recueil de 400 pages retraçant les us et coutumes de l'oasis, tels que racontés par une quarantaine de personnes âgées, des passeurs de lumière qui ont porté le projet tout au long des derniers dix-huit mois. La cérémonie organisée ce week-end a été l'occasion pour les habitants et la nombreuse assistance ayant pris part aux festivités de découvrir Guerrara via un film dédié.
Izmoulen n legrarara, littéralement «Les empreintes de Guerrara», tel est le film documentaire produit en langue mozabite sous-titré en arabe, français et anglais et qui s'est focalisé sur six thèmes du patrimoine, à savoir la fabrication de bijoux traditionnels, l'habillement traditionnel des mariées et des garçons circoncis, la pollinisation du palmier dattier, la fabrication de Tabatant (récipient d'eau en peau de chèvre), Tichaabine, le jeu traditionnel des filles de Guerrara et enfin Adrim, un rituel réservé aux nouveau-nés de sexe masculin.
L'association, qui ?uvre depuis une quinzaine d'années, a mobilisé la société civile autour de la préservation de l'ancienne palmeraie ainsi que l'inventaire du patrimoine matériel et immatériel de Guerrara et a également réussi le pari fou de hisser un de ses fondateurs à la tête de l'APC, histoire de tenter de changer les choses de l'intérieur après deux décennies de lutte acharnée pour créer un consensus autour des différentes composantes du patrimoine local.
«Un patrimoine culturel immatériel qui se dégrade continuellement, à l'instar des autres régions de l'Algérie et dont les initiatives de récupération sont très faibles par rapport à la dégradation», expliquaient les porteurs du projet lors de la soumission de leur candidature au Programme d'appui à la protection et la valorisation du patrimoine culturel intitulé «Renforcement du mouvement associatif algérien sur les questions de protection et valorisation du patrimoine culturel».
Co-financé par le ministère algérien de la Culture, l'Union européenne ainsi que l'Assemblée populaire de la wilaya de Ghardaïa, avec l'apport de l'association ASPG pour un montant global de 50 246 euros, soit 5 921 993 DA dans le cadre du renforcement du mouvement associatif algérien sur les questions de protection et valorisation du patrimoine culturel, ce projet a nécessité 12 mois d'enregistrements avec pour objectifs atteints le renforcement des capacités de l'association en matière d'inventaire, d'identification et de diffusion du patrimoine immatériel et la mise en place de cet inventaire.
Il s'agit, selon Abdallah Hariz, membre du bureau de l'association et actuel maire de Guerrara, «du vécu en intra-muros des différentes variantes de la société de Guerrara, sans omettre les relations liant les citadins et les nomades». Des heures d'enregistrement écoutés, analysés, classés et recoupés ont servi à rédiger les 100 fiches qui composent ce recueil bilingue, arabe et français, imprimé en 1000 exemplaires.
Dès le lancement du projet, l'association s'est heurtée à l'absence d'actions concrètes d'inventaire, d'identification et de diffusion du patrimoine local. Assistant avec effarement à l'extinction des porteurs de ces traditions, elle a mis en place un comité de pilotage qui s'est donné pour principale mission le recueil de témoignages via des personnages ressources. Il s'agit de 25 hommes et 15 femmes gardiens de la tradition de Guerrara qui se sont prêtés à 50 séances d'enregistrements sur leurs domaines respectifs du savoir et de savoir-faire ancestral.
Les fiches réalisées à l'issue de ce travail ont fait ressortir cinq grandes catégories, à savoir les traditions religieuses, les festivités publiques, les m?urs familiales, les métiers et les jeux traditionnels. L'association a bien fait remarquer qu'il ne s'agit nullement d'une étude anthropologique et scientifique, mais bien d'un recueil témoignant d'une grande richesse à valoriser et un immense trésor à explorer, d'autant plus que beaucoup d'autres pistes sont désormais ouvertes, selon elle.
L'objectif étant bien sûr de faire connaître aux habitants eux-mêmes ce qu'ils recèlent comme patrimoine immatériel, sa vulnérabilité et la nécessité de le préserver et le faire connaître aux autres et insuffler une créativité et une production culturelle grâce à cette base de données. C'est à juste titre qu'Abdallah Hariz fera remarquer que les jeunes générations se doivent de connaître leurs racines et leur appartenance culturelle tout en espérant que cet ancrage contribuera à l'instauration d'une réconciliation sociétale avec l'identité et l'histoire.
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