A vouloir trop se gausser des envies culinaires du mois de Ramadan et
finir par rire sur nous-mêmes, l'on s'aperçoit que l'on achète même le dépliant
publicitaire d'un fruit exotique. On ne se lasse guère de lécher les vitrines,
d'acheter, de payer et de se passer de la petite monnaie. L'essentiel est
d'acheter puisque tout s'achète et à l'affiche...
C'est dans cette métaphore que
s'implique la chronique locale à quelques encablures du renouvellement partiel
du Sénat pour fixer une mise à prix mirobolante sur un siège à la chambre
haute. Trois milliards de centimes, c'est le montant alloué par le Trésor
public comme geste de bienfaisance de la nation envers les démunis pour mieux
amortir la pression des charges du Ramadan à Guelma. Trois milliards de
centimes, c'est le pactole que doit déguster le jury des grands électeurs pour
permettre l'intronisation d'un sénateur.
Du marché au blé de la ville
transformé aujourd'hui en jardin archéologique, l'on retient l'image de ces
agriculteurs exposant leur produit dans des sacs de toile entrouverts, laissant
apparaître le ton aurifère du grain et la pleine qualité de la variété locale
séculaire.
Aujourd'hui, le cheminement du
blé continue en vase clos, mais dans un sachet en polymère noir dans une
effervescence qui efface la discrétion et tout respect aux bons usages pour s'imposer
dans un mercantilisme sans repères, que celui du poids des effets fiduciaires
sonnants et trébuchants. Dans tout ce folklore mis en scène loin du peuple, la
fin justifie les moyens et l'on se démarque délibérément de l'aptitude, la
compétence, la haute moralité ou d'autres qualités humaines dont l'essence
serait de se mettre au service de la collectivité.
Dans ces joutes électorales,
l'enjeu est que l'usufruit demeure individuel et il faut être amnésique ou
frappé de cécité pour croire que ces «cadres de la nation» reviendront un jour
à la barre de leurs électeurs pour soutenir avoir parrainé une seule opération
au volet du développement local. Combien sont-ils à s'intéresser aux
rendez-vous des séances d'arbitrage pour pouvoir soutenir les propositions
locales, si ce n'est en souscrivant au segment des abonnés absents ? Qui se
soucie du réseau routier, des infrastructures hospitalières ou scolaires, du
logement, du barrage d'Aïn Makhlouf, de l'emploi, de l'agriculture, entre
autres centres d'intérêt de la vie active de la collectivité ? Comme toujours,
les choses se concrétisent d'elles-mêmes et le mérite revient aux commis de
l'Etat consciencieux. Pour l'heure, la campagne bat son plein avec ou sans
états-majors, dans une OPA lancée toutes voiles dehors par les oligarchies
influentes, aux ramifications tentaculaires, qui ne cachent pas leur jeu infâme
à soudoyer les consciences et à bafouer cyniquement les dignités.
L'insolence est dans la
perversion et collecter les adhésions à travers le sachet noir demeure une
chose aisée, tant les ondes de la diversion et le tournis parviennent à
tétaniser tous les curieux, les badauds et la CTRF qui risquent d'oser des
questions pertinentes. La pierre angulaire de notre échelle des valeurs est
effondrée en partie, ouvrant la voie à toutes les semences du chaos qui vont
gangrener le tissu social pour mieux banaliser sa clochardisation.
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Posté Le : 27/09/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Menani Mohamed
Source : www.lequotidien-oran.com