Guelma : Canicule, plan bleu, mariages...

Les grandes chaleurs imposent l'étouffante canicule et les plans bleus se multiplient dans une indescriptible ruée vers la Méditerranée, d'estivants en quête de fraîcheur. Les piscines locales sont fermées pour des raisons latentes et les baignades interdites dans les cours d'eau où l'on a enregistré deux cas de noyade.

Dans le farniente, les irréductibles jaseurs fructifient les débats des chaînes satellitaires du dernier clip oriental jusqu'aux boucles footballistiques de l'»Euro 2008" ou encore sur les cendres du club phare de la ville relégué aux enfers dans l'indifférence cynique. Aussi, les départs en vacances ou en retraite, les mutations ou les allers simples dans le turnover cyclique des agents de l'Etat, suscitent des fariboles qui installent une refonte du paysage générant un reprofilage des comportements, un réajustement des alliances où le plus lutin parvient à surveiller jusqu'à ses inspirations, de peur d'inhaler un oxygène coloré qui risque de déshabiller ses caprices. Une race de trapézistes dans la haute voltige de l'opportunisme.

Les bus de transport urbain continuent leurs rallyes et les deux roues, leurs infernaux rodéos sans respect des feux tricolores, des priorités des voies, de l'obligation du port du casque... le fiasco aggravé par les fusils de chasse utilisés dans les cortèges nuptiaux sillonnant les artères de la ville et cette arme de loisirs a été dégainée, dernièrement à Hammam Debagh, pour transformer une noce en drame, tuant une personne de 62 ans et blessant 5 autres; un auteur du forfait, des victimes, un port d'arme aussi mais point de permis de civisme. La fatalité se reproduit ainsi.

Dans une autre dimension, le développement local ne s'est pas arrêté pour autant comme le prédisait les langues fourchues de la médisance gratuite et de l'ingratitude. Les pouvoirs publics continuent, sans relâchement aucun, à faire avancer la caravane se souciant beaucoup plus des opérations d'améliorations urbaines, du logement notamment du programme de résorption de l'habitat précaire, des activités agricoles, des constructions scolaires, de l'infrastructure routière, de l'hydraulique et d'autres secteurs névralgiques ayant un impact direct sur le vécu quotidien du citoyen.

En cette saison estivale les supports agissant sur le créneau de la culture vont devoir créer la synergie utile pour animer tous les espaces culturels en commençant par faire vibrer les planches du mythique théâtre romain à travers les expressions incantatoires des mélodies de notre riche terroir, les familles n'en seront que plus enchantées à renouer avec les soirées conviviales après les joies du cirque «Amar» qui les avait saupoudré aux senteurs de la savane pendant 12 jours et donné le rire, à gorges chaudes, à nos enfants.

Au revers de cet enthousiasme, nous relevons les désagréments provoqués chez les habitants riverains suite à la rupture du poste transformateur, alimentant insuffisamment l'énergie électrique, faisant taire les lumières, les climatiseurs des ménages et les réfrigérateurs des crémeries. A noter tout ce marasme ambiant, il serait judicieux de fuir vers la décompression dans l'environnement du cercle de pétanque, au bas de la cité, où un panel de respectueux vétérans, assagis en prime par leur statut de retraités, ne se souciant que de leurs interminables concours de belote et les courtes réflexions intellectuelles pour taquiner l'assistance, alimentées aussi par les pastels culinaires de Hadj Khellassi, les enchères folles de Ammi Ahcène, le doyen et maître de céans, ou encore les appréhensions de Si Salah «Pépito» au sujet des fonds souverains ainsi que les fluctuations des prix du baril de pétrole sur la place de Rotterdam.

Autant prolixe, jovial et simple à écouter, un espace humain d'évasion et de repos à rouler les boules de pétanque. Après le ressourcement spirituel on se doit de revenir à nos enfants pour leur parler des origines de l'emblème national et faire connaître les «oeuvres» de Larbi Ben M'hidi, Mostefa Ben-Boulaïd et les autres...