Les groupes de chant et de fantasia continuent d'exister et d'animer nos fêtes par des cris stridents, tirs de fusil et des animations hippiques. Mais derrière toutes ces activités, se cache une bataille menée par des hommes qui se sacrifient afin que cet héritage continue d'exister dans un monde quasi dominé par la technologie.Monter sur un cheval, mettre de la poudre à canon dans son fusil, l'orienter vers le ciel et... feu ! Une tradition algérienne authentique et originelle... Souvent présents dans les fêtes familiales ou officielles, les groupes de chants de la fantasia et les cavaliers suscitent l'admiration du grand public notamment dans les zones rurales. Un nombre important d'associations s'active dans ce domaine pour plusieurs raisons, à savoir travailler et gagner de l'argent, sauvegarder l'héritage ancestral ou juste pratiquer son hobby. Mais que reste-t-il vraiment de ces traditions algériennes ' Pour répondre à cette question, on a rencontré à Batna, le fief de ces rites folkloriques, un homme qui possède un parcours intéressant dans le domaine et qui nous a tout révélé. C'est à l'occasion d'une visite officielle que notre ami fut invité avec son groupe pour animer une cérémonie à l'honneur de l'assistance. A Batna, les groupes folkloriques de la fantasia et les cavaliers font partie de la vie quotidienne du citoyen et ici, les fêtes et les autres occasions festives n'ont aucun goût si les fusils ne retentissent pas. «C'est l'histoire de notre région. Qui dit les Aurès dit «El Baroud» (fusil, ndlr). Et nous, en tant que parents et grands-parents, nous sommes obligés d'assurer le passage du flambeau aux jeunes». Un sacrifice en continu Les vieux s'affichent généralement à la tête des animateurs de groupes et associations à cause de leur riche expérience dans ce milieu. Pour eux, cela va permettre aux générations montantes d'apprendre et de conserver cette tradition. «A force de pratiquer et d'exercer ce métier (ou cette passion), nous avons pu acquérir un savoir-faire important que nous voulons transmettre à nos enfants pour continuer le chemin». Mais dans ce milieu, il faut avouer que rien n'est à portée de main, et le combat de résister devient de plus en plus ardu à cause du manque de moyens et à cause d'autres motifs, que nous explique notre interlocuteur : «Ce qui nous embarrasse dans tout cela est bien sûr, l'émergence des nouvelles technologies à l'image de l'internet, les smartphones et les consoles de jeux vidéo... Les jeunes sont devenus accros à la technologie et cela nuit à la pratique de cette tradition. C'est ainsi, que la responsabilité incombe littéralement à nous pour faire apprendre à nos enfants, comment sauvegarder cet héritage et le transmettre, à leur tour, à leur enfants». Entre passion et métier, ça dépend ! Les associations folkloriques de chant et de la fantasia font leur spectacle souvent à l'occasion des fêtes ou cérémonies de célébrations. Leur rémunération dépend du nombre d'exhibition accompli dans le mois. Et pour cela, certains pratiquants considèrent que chanter ou dompter un cheval, c'est une passion ou un loisir dans leur vie car ils sont titulaires d'un poste d'emploi régulier. Par contre, d'autres adeptes se focalisent d'une façon fondamentale sur le jeu folklorique pour percevoir de l'argent pour y vivre. «Il faut noter que la plupart des groupes folkloriques sont payés, selon des normes précises et l'effectif», renchérit notre interlocuteur. «Il y a des personnes qui intègrent les groupes pour améliorer leur situation financière et sociale, et ça devient dans ce cas, un métier pour eux. Mais on trouve aussi ceux qui aiment ce genre de traditions et qui ne sont pas intéressés à vrai dire par l'argent car ce qui importe le plus pour eux, c'est de monter un cheval ou de porter le fusil, néanmoins, ils touchent tout de même des primes comme pour le reste du groupe». Et l'avenir, de quoi est-il fait ' D'après l'orateur, l'avenir des associations et des groupes de chant de la fantasia dépend principalement du nombre de pratiquants et la méthode dont on donne le spectacle. Par exemple, dans l'association, les enfants, fille ou garçon, manifestent un certain intérêt d'intégrer les associations folkloriques. «C'est bien de les voir, tout petit, à l'?uvre, essayer d'apprendre comment devenir cavaliers ou «meddah». Ce que je crains, ce sont les nouvelles techniques, qui desservent à mon avis le style originel de cette tradition : le jonglage avec les instruments de musique et le fait de faire tourner l'arme sur la tête. Ces nouvelles pratiques dénaturent la fantasia et ses principes». Le constat, selon notre interlocuteur, demeure malgré tout prometteur car il y a plus de jeunes aujourd'hui que de vieux, qui s'intéressent à rejoindre les groupes folkloriques, et ils sont conscients qu'ils doivent sauvegarder cette tradition qui représente aussi une identité culturelle.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 15/02/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Farid Harbi
Source : www.lnr-dz.com