Le ministre des Finances, Mohamed Loukal, a indiqué hier que la désignation par la Justice d'administrateurs indépendants pour gérer les entreprises appartenant aux groupes Haddad, Tahkout et Kouninef, permettra le dégel des comptes bancaires de ces entités «dans les plus brefs délais». Concernant les salaires non payés des travailleurs en question, Loukal a annoncé, à l'APS, que le dégel des comptes bancaires allait, systématiquement, permettre à ces entreprises de payer les arriérés de salaires. Et de souligner que la désignation d'administrateurs indépendants, de statuts d'experts, offrira à ces entités «un appui et un soutien à leur potentiel humain et managérial». Le ministre a expliqué, par ailleurs, que «parfois, les gens confondent entre administrateur et liquidateur. Ce dernier est désigné pour liquider une entité avant sa dissolution. Or, le rôle de l'administrateur indépendant est, au contraire, de sauvegarder la société et veiller à réunir les conditions de sa bonne gouvernance». Et d'ajouter : «Et c'est exactement l'objectif du gouvernement : conforter les assises financières et opérationnelles de ces entités, dans le cadre de la sauvegarde de leurs potentiels de production et d'emplois. En d'autres termes, l'objectif est de leur assurer une viabilité. Certaines d'entre elles, émargeant à la commande publique, jouissent, dans ce cadre, d'un carnet de commandes consistant et ont pour charge, également, la réalisation de projets industriels structurants pour l'Economie nationale».Concernant les prérogatives de l'administrateur indépendant, dont la possibilité de licencier des travailleurs ou non, Loukal a expliqué que «la mission de l'administrateur indépendant est, au contraire, de défendre les intérêts de l'entreprise et des travailleurs».
Le dispositif piloté par le ministère des Finances permettra également, ajoute le ministre, de relancer, dans un cadre «normalisé», les relations bancaires et commerciales avec les correspondants bancaires et partenaires internationaux, dans un climat positif. Il évitera, ensuite, un impact négatif sur le budget de l'Etat et les caisses de Sécurité sociale, consécutif au non paiement des impôts et des cotisations sociales aux caisses d'assurance et de retraite.
Pour rappel, des administrateurs des groupes industriels, de Travaux publics et de Services, dont les «patrons» (Tahkout Mahieddine, Ali Haddad et les frères Kouninef) sont en détention préventive pour des délits économiques, ont été désignés par la Justice. Des médias en ligne citant des sources proches de la Justice, avaient indiqué que l'administrateur désigné pour le groupe Tahkout est M. Choudar Mohamed, et M. Haddoum Mohamed Larbi pour le groupe des Kouninef, alors que M. Roumili Larbi a été désigné pour le groupe d'Ali Haddad. Le Tribunal d'Alger avait annoncé, la semaine écoulée, la désignation de ces administrateurs pour gérer les affaires courantes des groupes précités. Le procureur général près la Cour d'Alger avait, alors, expliqué que le juge d'instruction, saisi des dossiers des sociétés appartenant aux Groupes Haddad, Tahkout et Kouninef, a rendu des ordonnances de désignation de trois administrateurs et experts financiers agréés, pour gérer ces sociétés. La même source expliquait que «dans le cadre des enquêtes judiciaires ouvertes à l'encontre de certains hommes d'affaires, propriétaires de sociétés, dont les Groupes Haddad, Tahkout et Kouninef, et dans un souci d'assurer la pérennité des activités desdites sociétés et de leur permettre de préserver les postes d'emploi et d'honorer leurs engagements envers les tiers, le juge enquêteur, saisi des ces dossiers, a rendu le 22 août 2019 des ordonnances de désignation de trois administrateurs, experts financiers agréés». «Ces administrateurs ont été chargés de la gestion des entreprises en question conformément aux dispositions du Code de Commerce et du Code de procédure pénale». Et d'ajouter que «les mêmes mesures seront prises pour les autres dossiers de propriétaires de sociétés privées, qui font l'objet de procédures judiciaires suite à l'ouverture de poursuites pénales à leur encontre». L'intervention du gouvernement obéit à plusieurs impératifs, dont celui d'assurer les salaires de leurs employés, et la poursuite de leurs activités.
Le gouvernement avait mis en place un Comité intersectoriel ad-hoc, institué par le Premier ministre, et a été chargé du suivi des activités économiques et de la préservation de l'outil de production nationale. C'est ce comité ad-hoc qui avait proposé la désignation d'administrateurs qualifiés pour assurer la continuité de la gestion des entreprises privées, objet de mesures conservatoires.
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Posté Le : 02/09/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : R N
Source : www.lequotidien-oran.com