A deux semaines du coup d'envoi de la cinquième édition du festival du
cinéma arabe qu'abritera Oran, le programme de la manifestation n'est pas
encore définitivement arrêté. Tout ce que l'on sait, si on se réfère aux propos
tenus par la directrice de la culture de la wilaya d'Oran, promue commissaire
de ce festival, est que le nombre de longs métrages en compétition ne dépasse
pas la douzaine. Ce qui est insignifiant comparativement à des manifestations
similaires organisées chez nos voisins. Par contre, l'édition de cette année
connaît quelques aménagements, ce qui annonce d'autres changements, selon
certains acteurs culturels de la ville. De festival de stature ou de prétention
internationale, sur le plan de l'identification, il est passé à un festival
local, puisqu'il se nomme désormais «Festival d'Oran du film arabe» (FOFA). Relevons
à ce sujet que même le site du ministère de la Culture entretient les
ambiguïtés, puisqu'il parle de «festival culturel de cinéma».
Par ailleurs, la valse de ses commissaires n'a rien de rassurant. En effet,
au bout de cinq ans d'existence, la responsabilité de cette manifestation vient
d'échoir à une troisième personne. Certes, certains artistes et intellectuels
oranais ont toujours récusé l'octroi de cette responsabilité à des personnes
étrangères de la ville, surtout se comportant en conquérant durant la semaine
de la tenue du festival. C'est ce qu'on a toujours reproché à Hamraoui Habib Chawki quand il
était au summum de sa puissance grâce à son poste de PDG de l'ENTV. Cette fois-ci, on s'interroge sérieusement sur la
désignation d'une dame totalement étrangère au septième art pour veiller sur la
cinquième édition. Pour certains, c'est le prélude à la disqualification de
cette manifestation. Pour d'autres, avançant un autre argument, c'est la
délocalisation dans les faits de ce festival vers la capitale. Autrement, ils
n'arrivent pas à s'expliquer la programmation presque concomitante d'une autre
manifestation d'envergure au niveau d'Alger.
En tout cas, le timing de ce festival est des plus malvenus. Il est
intercalé entre plusieurs manifestations de grande envergure. Rien que dans le
monde arabe, Marrakech, Doha et Dubaï organisent
presque à la même période leurs rencontres cinématographiques, avec des budgets
autrement plus colossaux et des objectifs plus clairs. Coïncidant à la même
période, les invités, et ce qui est tout à fait légitime, opteront pour les
manifestations les plus prestigieuses. Le Festival de Marrakech, cette année à son onzième édition, est devenu une véritable institution. D'ailleurs,
la simple consultation de son site nous renseigne sur le degré de son
professionnalisme : le programme est connu dans le détail. Concernant Dubaï, rien
que le nombre des films retenus nous donne une idée sur cette manifestation : 170.
Concernant Oran, on apprend par voie de presse qu'une actrice syrienne, présentée
comme guest-star, est attendue mais n'a pas encore
confirmé sa venue. On indique deux autres noms : une Tunisienne et un Egyptien.
En somme, à deux semaines de son ouverture, nous connaissons juste le nom
de deux films participant à la compétition. En plus de deux activités
parallèles au festival, dont l'une se rapporte aux maisons de production du
cinéma dans le monde arabe. Mais par malchance la cinquième édition du FOFA
coïncide avec ce qu'on appelle «le printemps arabe». Or, plusieurs
manifestations cinématographiques de par le monde ont consacré leur édition de
cette année à cet événement qui fait toujours parler de lui. Quelle place lui
donnera le FOFA ? Voilà une interrogation que se posent ceux qui ont découvert
un autre visage du cinéma arabe que celui véhiculé par les chaînes de
télévision grâce aux précédentes éditions. Sans risque d'erreurs, nous pouvons
avancer que certains films projetés l'an dernier avaient déjà annoncé les chamboulements
à venir. Tel le film «Microphone» de l'Egyptien Khaled Abou Nadja,
qui s'est par ailleurs illustré par sa présence à la place Tahrir
lors de la Révolution
du 25 février, l'an dernier en Egypte. Preuve s'il en faut que le cinéma et le
politique peuvent aller de pair. Ce que beaucoup de monde craint c'est que
l'édition de cette année soit un flop, que ce soit sur le plan de
l'organisation ou de la programmation. Les indices disponibles jusqu'ici
n'incitent pas à l'optimisme. Tel est le cas de ce confrère qui a trouvé son
nom porté sur la liste du staff devant confectionner la revue du festival… sans
être consulté. La multiplication des déclarations par voie de presse et des
sources d'information laisse supposer l'absence d'une coordination au niveau de
la direction de ce festival. Ce qui ne manquera pas de lui porter un sérieux
coup, alors qu'il est encore en pleine période de croissance. Le remake de la
mésaventure du Festival du Raï est là pour justifier la crainte des sceptiques.
Oran, qui affiche des prétentions notamment sur le plan touristique, court le
risque de se retrouver sans manifestation d'envergure internationale.
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Posté Le : 28/11/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ziad Salah
Source : www.lequotidien-oran.com