Alors que plus de 50 % des ressources en eau vont aux agriculteurs, ces derniers se plaignent de ne pas être suffisamment alimentés.Comment peut-on parler d'économie de l'eau en Algérie alors que les gestionnaires de ce secteur ont laissé s'accumuler durant des décennies de gros problèmes de gestion. Les eaux destinées à l'AEP, au secteur économique ou à l'agriculture finissent, dans une proportion alarmante, dans la mer méditerranée.La vétusté des réseaux d'adduction, l'envasement des barrages et retenues collinaires, le curage des oueds et enfin un climat qui tend vers la sécheresse persistante ne sont que de mauvais indicateurs. Mais pour les responsables de l'agence de bassin hydrographique Constantinois-Seybouse-Mellegue (ABHCSM), organisatrice, jeudi passé, d'une journée dédiée à l'économie de l'eau dans le secteur de l'agriculture en partenariat avec l'ANPEP (association nationale pour la protection de l'environnement et la lutte contre la pollution) avec «le peu d'eau disponible, une rationalisation et une optimisation de la consommation de l'eau peuvent être réalisées».En effet, il y a un gros potentiel dans la région hydrographique précitée qui s'étend sur une superficie de 44.348 km² et regroupe les bassins versants du nord côtiers Constantinois. Au centre : les oueds Kebir, le Rhumel et le Seybouse. Au sud les Hauts plateaux constantinois, et à l'est Medjerda-Mellegue, soit 14 wilayas au total : Mila, Jijel, Skikda, Constantine, Guelma, Tarf, Annaba, Souk Ahras, Oum El Bouaghi. Batna, Béjaia, Sétif, Khenchela, Tébessa, avec 22 barrages, pour un volume total de 2400 Hm3 d'eaux superficielles mobilisées.Plus de 50% de ce volume va à l'agriculture mais avec de grosses déperditions. «Nous estimons à 30% le taux de fuites (rupture de canalisation, piquages illicites etc...», déclare à El Watan, A.Bouchedja, directeur général de l'ABHCSM, et d'ajouter : «Notre objectif est de réduire cette déperdition à hauteur de 15 à 20%». Mais dans ces wilayas le système d'écoulement des eaux par gravitation reste au demeurant une tare.Une alimentation insuffisanteLe cas de la wilaya de Guelma est édifiant à plus d'un titre notamment pour les eaux destinées à l'irrigation. Elle se fait par des lâchers au niveau du barrage de Bouhamdane dans la Seybouse. L'alimentation du périmètre d'irrigation de la plaine de Guelma ou celle de Bouchegouf, est en soit un gaspillage, puisque les eaux sont acheminées soit dans leur cours d'eau naturel vers la mer ou pompées pour alimenter le périmètre.Dans ce contexte un fellah présent lors de cette journée soulignera haut et fort : «la distribution de l'eau par l'ONID est irrégulière. Nous sommes alimentés 3 journées sur six au moment ou la plante en a le plus besoin. Nous subissons la vétusté du réseau. Donc comment peut-on parler d'économie». Taxé de gros consommateur d'eau par le ministère de tutelle, l'agriculteur consommerait 8000 m3 d'eau / hectare / an et c'est le cas à Guelma.Ne l'entendant pas de cette oreille, des agriculteurs du périmètre d'irrigation répliquent aux intervenants des directions de l'agriculture de Constantine et Guelma : «Comment vous pouvez calculer notre consommation avec tous ses problèmes. Mieux encore nous payons au forfait». Il est indéniable de passer définitivement de l'irrigation gravitaire vers une technique plus rationnelle telle l'irrigation localisée, comme le goutte à goutte, ou par aspersion.Mais la aussi des problèmes de formation, de vulgarisation et de maîtrise de ces techniques par les agriculteurs ne font pas l'unanimité. Le recours à l'utilisation des eaux non conventionnelles est aussi une importante alternative offerte aux fellahs, mais contre toute attente elle ne fait pas également l'unanimité. Il s'agit de la réutilisation des eaux usées issues des STEP. «Le volume des eaux usées rejetées à l'échelle nationale est estimé actuellement à prés de 750 millions de m3 et dépassera 1,5 milliards de m3 à l'horizon 2020», indique le rapporteur de L'ABHCSM?Annaba.Et de conclure : «La réutilisation des eaux usées épurées dans le domaine de l'agriculture fait partie de la nouvelle politique de l'eau pour une meilleure gestion des ressources en eau. Cette réutilisation équivaut au volume de plus de 10 barrages moyens.A ce sujet, les fellahs sont unanimes : «personne ne veut irriguer sa parcelle avec des excréments». Quoi qu'il en soit, l'ensemble des préoccupations ont été consigné, lors de cette journée et devraient, selon les organisateurs trouver écho auprès du ministère de tutelle.
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Posté Le : 08/11/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Karim Dadci
Source : www.elwatan.com