Algérie

Grippe porcine: Sincères inquiétudes ou surenchères oratoires ?



Voilà que les institutions scientifiques viennent, par la délivrance du quitus relatif à l'innocuité du vaccin antigrippal H1N1, de libérer tout le monde et en premier chef, le département chargé de la santé et de la population et dont le fardeau institutionnel déjà lourd, est lesté depuis bientôt trois longs mois, par la pression environnementale. A l'instar de celles du Seigneur, les règles de l'art devraient être impénétrables, Malheureusement, déblatérer, participe désormais du vertueux ; il y suffit pour cela, de dénicher la tribune adéquate. L'encre qu'a fait couler ce dossier, si tant le contrôle de tout produit pharmaceutique ou biologique, disposition somme toute inscrite dans le continuum de pharmacovigilance, constituait un dossier, aurait du servir à sensibiliser la population sur les mesures prophylactiques éprouvées en l'absence de moyens thérapeutiques avérés. De ceux qui alertaient sur le retard que prenait l'arrivage du vaccin, à ceux qui, plus dissipés, faisaient la confusion entre vaccin et antirétroviral, à ceux excessifs, qui réclamaient la « tête » du premier responsable du département, pas moins que çà ; chacun partait de sa diatribe. Le sujet est trop grave pour être livré au sarcasme et à la dérision. Sait on au moins que ce secteur qui n'a pas de semblable dans l'organisation gouvernementale, est un secteur où ses cadres mis à la retraite, ne survivent pas longtemps après leur départ en « réclusion » forcée ? Veiller à la santé de toute la population, n'est assurément pas de tout repos. Le stress angoissant de la fonction sanitaire pèse plus que celui de toute autre fonction civile. Un simple flash back, peut faire rappeler aux oublieux si besoin est, que lors des turbulences sanglantes des années quatre vingt dix, les personnels de santé tous corps et grades confondus se retrouvaient souvent seuls, face à leur sort. A la différence des corps constitués, les services de santé et de la protection civile, étaient les seuls désarmés au propre et au figuré devant l'innommable. Le potentiel humain relativement jeune et souvent inexpérimenté, se trouvait contraint d'affronter des situations où la raison humaine pouvait fléchir et se perdre à jamais. Il n'est pas inutile d'évoquer ces nombreuses sages-femmes qui ont péri pour avoir consenti à convoyer des parturientes en détresse, ou encore ces conducteurs de camions bourrés d'oxygène liquide, véritable bombe roulante, qui ralliaient leurs établissements sanitaires pour que des malades et blessés survivent. La preuve en est encore donnée, présentement, par ces jeunes médecins et paramédicaux qui affrontent à « mains nues » l'épidémie, en l'absence de toute protection vaccinale. Sous d'autres cieux, l'exigence de la protection prophylactique aurait été une obstruction insurmontable, pour les parties en charge de lutter contre fléau. Il y a lieu ici, de rendre hommage à ces cadres dont beaucoup de femmes qui, sans hésiter ont pris sur eux de soigner les malades, en dépit de la forte contagiosité de la maladie. Ils se sont tous contentés, de prosaïques accessoires de protection. Merci pour votre témérité !

 La chance que notre pays détient sur d'autres, mieux lotis économiquement, réside dans ses organismes de contrôle que sont : le Laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques, le Laboratoire national de pharmacovigilance, le Centre national de toxicologie ou encore l'Institut Pasteur d'Algérie, tous référencés par l'Organisation mondiale de la santé. Qu'en aurait-il été, si nous devions confier notre sort à des parties supranationales pour ce genre d'expertise ? Cette confortable posture, ne peut que consolider notre pays dans l'exercice de sa souveraineté nationale dans le domaine médical. L'on me dira que cet hirondelle n'est pas annonciatrice de l'enchanteur printemps ; qu'à cela ne tienne et que l'on aille voir du coté financier spécifique à cette seule maladie. Peu de pays à revenu moyen comme le nôtre, ont consenti un financement équivalent à celui dont a été dotée l'opération : 22 milliards de dinars. Et ce n'est pas peu, quand on sait, que les séjours hospitaliers et les cures thérapeutiques sont totalement gratuits. Les 20.000.000 de doses vaccinales constituent un quota honorable que peu de pays peuvent s'octroyer ; à titre illustratif le Maroc n'a pu vacciner que 300.000 individus, soit un peu moins que 1% de sa population totale. Quant à la Tunisie, son score plafonne à 100.000 individus vaccinés à peine. Le royaume saoudien, ogre financier s'il en fut et touché durement par l'épidémie, avoisine les mêmes scores que le premier cité. Plus craintifs, certains pays ont même proscrit le Hadj pour cette année emboutissant jusqu'à la conviction religieuse de leurs administrés. Et personne, n'a crié au scandale. Ces performances, non couvertes par la gratuité, sont loin de la prospective nationale qui compte faire barrage à l'épidémie, par la protection en priorité des personnels exposés et les strates vulnérables (enfants, femmes enceintes et malades chroniques).

 Les spécialistes de la chose épidémiologique comptent à travers cet objectif, mettre à l'abri toute la population. Il n'y aura aucune place pour des choix douloureux. La démarche qui consiste à guetter fébrilement les premiers arrivages de vaccin et faire ensuite le « procès » de ce même vaccin, ne peut présider que d'une querelle de clochers que le citoyen n'est pas disposé à en faire les frais. Le mauvais génie serait de jouer le rôle peut enviable de mouche du coche, pour des « sirènes » embusquées, à l'affût de la moindre « friture » dans la communication. Cette campagne de sécurité sanitaire devrait être abordée, à notre sens, dans un climat de sérénité apaisée et loin de toutes considérations partisanes. Seuls, les résultats obtenus en fin de parcours, peuvent être opposés à ceux qui sont en charge de la gestion de cette délicate opération.








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