Algérie

Grine n'en finit pas de cafouiller



M. Grine reconnaît qu'un ministère est là "pour appliquer les lois", oubliant que ce qu'il préconise est l'exact contraire de ce que stipule la loi.L'affaire de cession d'actions du groupe El Khabar au profit de Ness-Prod a finalement révélé plusieurs facettes du régime en place. Au-delà de la volonté du régime d'étouffer toute voix discordante, cette même affaire met à nu, chaque jour un peu plus, le cafouillage d'un ministre qui est censé, à tout point de vue, veiller plutôt au respect de la loi et non à sa transgression.Hier encore, le ministre Grine s'est laissé aller à un jeu hasardeux et, une fois de plus, il aura montré à l'opinion que, dans cette affaire, il reste prisonnier de son égarement. En réitérant sa volonté de se substituer contre tout bon sens à une Autorité de régulation de la presse écrite, M. Grine se rend coupable d'une violation grave d'une loi que le gouvernement, dont il est membre, a confectionnée et adoptée en 2012. "Cette instance (Autorité de régulation de la presse écrite) n'a pas de raison d'être", a martelé encore le ministre lors d'un point de presse organisé, hier, en marge d'une rencontre à l'Ecole de journalisme de Ben Aknoun, à Alger.Alors que cette Autorité est prévue dans la loi organique relative à l'information de janvier 2012, le ministre du secteur pense que si 150 pays dans le monde ne trouvent pas de vertus à une telle instance, l'Algérie est en droit de suivre cet exemple. Tenter de légitimer une entorse à la loi et son piétinement par le recours à des exemples qui viennent d'ailleurs, spécialité du pouvoir algérien quand les choses l'arrangent, ne met pas, outre mesure, Hamid Grine dans la posture d'un responsable soucieux du respect des règles élémentaires de la démocratie. Le ministre doit savoir que contrairement à ce qu'il avance comme argumentaire pour se passer d'une Autorité de régulation dont il veut accaparer les prérogatives sous d'autres cieux plus soucieux de la préservation des acquis démocratiques, c'est le ministère de la Communication qui n'a pas de raison d'être.Ce même département existe chez les monarchies du Golfe, en Corée du Nord, chez certains de nos voisins qui ne sont pas connus pour être des champions de la démocratie, encore moins de la liberté de la presse.Pour notre ministre de la Communication, ancien journaliste sportif, ces 150 pays qui n'ont pas d'Autorité de régulation, "c'est un Conseil d'éthique" qu'ils ont mis sur pied. L'Algérie est aussi privée de ce Conseil d'éthique dont le rôle n'est surtout pas celui d'une Autorité de régulation. Un Conseil d'éthique, comme son nom l'indique, prend en charge les questions liées à l'éthique et à la déontologie du métier, et non pas celui de la création de médias, des agréments, des transactions, des nominations...Le ministre cafouille mais il a fini par dire le fond de sa pensée. "En l'absence d'une Autorité de régulation, c'est le ministère qui s'y substitue", a lâché le ministre. Cet aveu, il en est un, puisque M. Grine a ajouté qu'un ministère est là "pour appliquer les lois", oubliant que ce qu'il préconise est l'exact contraire de ce que stipule la loi. Il est aussi un aveu parce que le ministre fait mine d'oublier qu'une Autorité de régulation est pensée justement pour éviter à l'Exécutif, et donc au ministère de la Communication, d'accaparer ses prérogatives. Interrogé sur la presse, le ministre a dit qu'il ne fait pas de différence entre "la presse privée et la presse publique". Il a souligné que la ligne de démarcation entre ces deux "entités" est le respect des règles du métier. "Il y a une presse qui diffame et une autre qui ne diffame pas", a-t-il dit en substance.Celle qui diffame est, bien entendu, celle qui n'inscrit pas sa ligne dans la défense tous azimuts du régime. "Cette presse qui diffame ne répond pas à mes objectifs", a encore avoué le ministre. Ses objectifs ' En faire des clones d'El Moudjahid. Concernant l'affaire d'El Khabar, tout en martelant que c'est à la justice de trancher, il a déjà jugé, se substituant aussi à la justice. "La transaction relative à ce rachat est illégale", a-t-il déclaré. Il a reconnu, par ailleurs, que "l'affaire El Khabar est purement commerciale", regrettant que "certaines parties veulent la politiser". Pour l'ensemble des observateurs, la politisation est l'?uvre du ministre de la Communication.M. M.


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