Grèves pour la dignité

Education, assurances, médicaments, santé, postes et télécommunication', les secteurs diffèrent mais les travailleurs restent sensiblement les mêmes, avec les mêmes besoins, les mêmes aspirations et les mêmes modes de revendication pacifique. Une meilleure qualité de vie, des conditions de travail décentes et l'espoir d'une bonne retraite constituent l'essentiel de leurs revendications dans un environnement très fortement marqué par la corruption, le népotisme et la discrimination.
Comment ne pas se rendre aux arguments d'un cadre supérieur d'une entreprise publique, Endimed en l'occurrence, qui en est encore à percevoir 30 000 ou 35 000 dinars lorsque ses alter-ego -voire des subalternes- dans d'autres entreprises publiques ou privées, jouissent de salaires deux, trois ou quatre fois supérieurs ' Comment en vouloir aux employés des Société algérienne d'expertise (SAE) et Assure-Immo, toutes les deux relevant du secteur des assurances, lorsqu'ils réclament d'être traités sur le même pied d'égalité que leurs confrères des autres compagnies et filiales du même secteur ' Surtout, comment ne pas comprendre la colère et l'indignation de tout travailleur qui constate que son effort n'est toujours pas payé en retour pendant que des fortunes d'origines inconnues -ou, en tout cas, qui ne peuvent provenir d'un labeur régulier- se bâtissent à vitesse grand V '
Il y a deux années à peine, des milliers de travailleurs de divers secteurs d'activités ont bénéficié de sérieuses revalorisations salariales qui avaient momentanément boosté leur pouvoir d'achat et leur avaient permis de sortir un peu la tête de l'eau. Mais la réalité très aléatoire du marché algérien, conjuguée aux effets pervers de la spéculation, a vite fait de neutraliser les effets de ces augmentations et replongé les Algériens dans leurs incertitudes et leurs angoisses. Pendant ce temps, une minorité d'Algériens est restée suffisamment nantie pour se permettre d'acheter des maisons dans des quartiers huppés, les raser jusqu'aux fondations pour, à la place, ériger des villas ultramodernes, dotées des dernières technologies...
A quelques jours du 1er mai, les journées de protestation et les mouvements de grèves pacifiques -contrairement à la grève sanglante du 3 mai 1886 à Chicago pour l'instauration de la journée de huit heures et au meeting de protestation le lendemain au cours duquel une bombe tua huit policiers, événements qui sont à l'origine de la Fête du travail- qui continuent de marquer l'actualité nationale confirment qu'il reste encore beaucoup à faire sur le chemin de l'amélioration des conditions de vie des travailleurs, dont les principales exigences restent la revalorisation des salaires et un meilleur cadre de travail. Rien de plus.
S. O. A.