Algérie

Grèves et protestations se multiplient en France


Le mouvement de protestation se poursuit
Les temps ont changé, les objectifs des luttes aussi. Mai 1968 voulait changer le système. Mai 2018 résiste pour préserver ce qui reste des acquis.
La France est secouée ces derniers temps, notamment depuis l'élection de Macron, par une série de grèves et de mouvements de protestation sociaux et politiques. Au sein d'Air France, de la Sncf et des universités françaises, les mouvements sociaux se poursuivent contre les réformes du gouvernement et pour une revalorisation salariale. En dépit de la persistance de ces mouvements de grèves et de contestation, Macron a estimé dans l'entretien accordé à Mediapart et Bfmtv qu'il «n'y [avait] pas tant que cela [de] coagulation des mécontentements». Si le gouvernement ne peut chiffrer précisément l'impact global des mouvements de grève à l'échelle du pays, Air France évalue, elle, ses pertes dues aux grèves à 220 millions d'euros. La compagnie aérienne française subit un mouvement de grève de l'ensemble de son personnel qui réclame une revalorisation salariale.. Pour tenter de résoudre le conflit, la direction d'Air France a proposé, le 16 avril dernier, un projet d'accord final prévoyant une augmentation salariale de 2% immédiatement et une hausse de 5% sur trois ans, encore loin des revendications syndicales (abaissées à une demande d'augmentation de 5,1% en 2018). Cette proposition d'accord a d'ores et déjà été rejetée par le syndicat de pilotes Snpl Air France. Le président de ce syndicat, Philippe Evain, la juge «totalement indécente» et «totalement farfelue». Du côté de la Sntf, la situation ne s'améliore pas non plus: alors que l'Assemblée nationale s'apprête à se prononcer sur le projet de loi pour un nouveau pacte ferroviaire, les syndicats des cheminots ont dénoncé, un passage «en force». Ils ont réaffirmé leur détermination à ne pas céder de terrain. La CGT appelle en conséquence à un «très haut niveau» de grève pour «imposer l'arrêt du processus parlementaire» et «arracher de véritables négociations». «La victoire est à notre portée», écrit le syndicat, en rappelant également la journée de mobilisation interprofessionnelle pour la semaine passée à l'initiative de la CGT et de Solidaires. Les syndicats de cheminots ont adopté un système de grève intermittente, deux jours sur cinq, qui doit se poursuivre jusqu'au 28 juin. Le mouvement de protestation contre la loi Vidal de réforme de l'accès à l'université se poursuit dans les facultés. Selon le ministère de l'Enseignement supérieur, quatre universités sont toujours bloquées sur l'intégralité du territoire, et entre 10 et 12 autres sites sont perturbés. La quasi-totalité de l'université de Nanterre, bastion de la révolte de mai 1968, était ainsi bloquée par des étudiants. Autre université devenue emblématique de la contestation: le site Tolbiac de l'université Paris I Panthéon- Sorbonne est occupé depuis le 26 mars. À Strasbourg, une assemblée générale de quelque 600 étudiants a voté «le blocage reconductible de tous les bâtiments de l'université» à partir de mardi dernier. À Nancy, le campus Lettres et sciences humaines est bloqué depuis le 22 mars. À Metz, les étudiants ont voté le blocage de deux bâtiments (Arts, lettres et langues; Sciences humaines et sociales). À Montpellier, le campus de l'université Paul Valéry est bloqué depuis la mi-février et est censé le rester jusqu'à «l'abrogation de la loi Vidal». La tension y est montée d'un cran le 12 avril après le sabotage des serveurs informatiques de l'université, qui a entraîné la suspension des examens par Internet qu'avait organisés la direction. Si le conflit d'Air France qui oppose l'intersyndicale réunissant les pilotes (Snpl, Spaf, Alter), les hôtesses et stewards (Snpnc, Unsa-PNC, Cftc, Sngaf) et les personnels au sol (CGT, FO et SUD), à la direction de la compagnie en raison de revendication salariale et pouvant donc trouver un compromis, les mouvements des étudiants et des cheminots contestent deux projets de loi et exigent leur retrait pur et simple, ce que refuse le gouvernement.
Les étudiants et les cheminots sont-ils l'avant-garde d'une ère révolutionnaire en gestation' En tout cas, la gauche radicale l'espère et la droite le redoute. Cependant, les analystes restent de marbre et étudient la situation en prenant en compte les mutations profondes qui ont transformé la société française et l'Etat français. Ce dernier n'est plus providentiel comme il le fut au lendemain de la Seconde Guerre mondiale jusqu'au milieu des années soixante-dix et la première a tellement été structurée à l'image du capital modifiant ainsi les rapports de force et les instruments des luttes sociales comme les syndicats. La classe ouvrière française est profondément divisée à l'image de ses syndicats alors que les étudiants français sont moins solidaires et moins révolutionnaires que leurs aînés des années soixante. L'histoire ne se répète pas même si les événements se ressemblent. Mai 1968 voulait changer le système. Mai 2018 résiste pour préserver ce qui reste des acquis de 1968. Aujourd'hui la gauche française dans tout son spectre, est à reconstruire et à rassembler pour espérer pouvoir peser dans la scène politique et sur les mouvements sociaux éparpillés, atomisés et corporatistes. Aucune convergence de lutte n'est à l'ordre du jour pour des raisons subjectives avérées, dans un contexte où l'acharnement médiatique contre les luttes sociales salvatrices est à son comble. L'ultralibéralisme n'a pas seulement sapé les fondements de la solidarité séculaire des différentes catégories sociales, mais a surtout travesti l'identité prolétarienne et de gauche, au profit d'une identité «citoyenniste» de consommation. Les luttes sociales actuelles peuvent durer dans le temps et même s'étendre à d'autres secteurs, mais n'auront aucune incidence sur les rapports de force en vigueur, encore moins sur l'ordre établi.
Le calendrier des grèves en cours et à venir
Les grèves en cours
Depuis le 19/04/2018: grève des facteurs à Morlaix depuis le 19 avril 2018
Depuis le 17/04/2018: grève des Vélib à Paris depuis le 17 avril 2018
Du 03/04/2018 au 28/06/2018: grève nationale à la Sncf du 3 avril au 28 juin 2018
Depuis le 03/04/2018: grève nationale des éboueurs dès le 3 avril 2018
Du 03/04/2018 au 02/07/2018: grève des électriciens et les gaziers dès le 3 avril 2018
Depuis le 03/04/2018: grève nationale et illimitée des fonctionnaires dès le 3 avril 2018
Depuis le 03/04/2018: grève des facteurs des Bouches-du-Rhône depuis le 3 avril 2018
Depuis le 26/03/2018: grève à la poste des Hauts-de-Seine depuis le 26 mars 2018
Depuis le 19/03/2018: grève des avocats de plusieurs villes françaises depuis le 19 mars 2018
Depuis le 12/03/2018: grève illimitée des facteurs de Gironde dès le 12 mars 2018
Les prochaines grèves
Du 03/05/2018 au 08/05/2018: grève nationale chez Air France les 3, 4, 7 et 8 mai 2018
Le 22/05/2018: grève nationale des fonctionnaires le 22 mai 2018
Les dernières grèves annoncées
Du 03/05/2018 au 08/05/2018: grève nationale chez Air France les 3, 4, 7 et 8 mai 2018
A partir du 19/04/2018: grève des facteurs à Morlaix depuis le 19 avril 2018
A partir du 17/04/2018: grève des Vélib à Paris depuis le 17 avril 2018
A partir du 03/04/2018: grève des facteurs des Bouches-du-Rhône depuis le 3 avril 2018
Le 22/05/2018: grève nationale des fonctionnaires le 22 mai 2018.
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