Algérie

Grève des travailleurs de Linde Gas Algérie: Les hôpitaux risquent de manquer d'oxygène



La principale unité de fabrication de l'oxygène médical (02) utilisé pour la respiration assistée est entrée en grève mercredi dernier.

L'unité, sise à Reghaïa, à l'est d'Alger, qui emploie quelque 150 personnes, est la plus importante d'Algérie.

Un mouvement de contestation des travailleurs est engagé à la suite du licenciement de 5 syndicalistes affiliés à l'UGTA qui ont dénoncé la nouvelle direction de cette unité privatisée et détenue à hauteur de 66% par le groupe allemand Linde, leader mondial des gaz industriels. A l'origine du licenciement des syndicalistes, une lettre de dénonciation adressée au PDG du groupe Linde ainsi qu'aux autorités algériennes compétentes faisant état de « graves dysfonctionnements au sein de cette unité après la nomination d'une nouvelle direction », installée par le responsable (de nationalité française) du groupe en Algérie. Ce dernier, attestent des syndicalistes de cette unité, aurait, « lors d'une visite effectuée au sein de l'entreprise, procédé au retrait des portraits du président de la République de tous les bureaux ainsi que de l'emblème national qui flottait à l'intérieur de l'entreprise ».

 Cela a provoqué un véritable tollé à l'intérieur de cette entreprise, ce qui a contraint, témoignent des travailleurs, la direction à remettre quelques portraits du chef de l'Etat à leur place. Les griefs retenus par les délégués du personnel de l'unité de Reghaïa sont nombreux. En sus d'une situation qualifiée de « plus en plus dégradante », les délégués de l'unité évoquent dans leur lettre de dénonciation « une volonté délibérée de la nouvelle direction pour casser l'entreprise, qui était, disent-ils, l'un des fleurons à travers l'Algérie et même le Maghreb avant sa privatisation ».

 Les délégués iront jusqu'à affirmer qu'il y a risque d'atteinte à la « sécurité nationale », en expliquant dans leur missive que la rupture de stock dans les hôpitaux est doublement pénalisante, à savoir le paiement des annuités pour les réservoirs installés par l'entreprise dans les hôpitaux, d'une part, et le recours à l'importation de l'oxygène de la Tunisie, d'autre part, alors que ce pays importait de l'Algérie le produit en question.

 Les syndicalistes de l'unité de Reghaïa soutiennent, par ailleurs, que depuis la privatisation en 2007 de leur entreprise (66% pour la partie étrangère et 44% pour la partie algérienne), aucun investissement ni transfert de technologie n'a été fait à ce jour au profit de leur entreprise. Pis encore, l'unité, ajoutent encore les délégués dans leur lettre, arrive difficilement à maintenir en fonctionnement les installations en raison du départ volontaire du personnel qui n'a pas été remplacé, en plus de la dissolution d'ateliers tels que la mécanique, l'électricité industrielle et la cryogénie.

 « Depuis l'arrivée de la nouvelle direction, le climat de travail s'est détérioré et les travailleurs sont démoralisés », est-il écrit dans la lettre de dénonciation dont nous détenons une copie, et qui ajoute que « la nouvelle direction s'est attelée à déstabiliser les travailleurs dans le but de les faire partir en employant un harcèlement administratif».         A noter que les 5 syndicalistes licenciés pour «faute grave» ont été empêchés d'accéder à l'intérieur de l'unité par des agents de sécurité employés par Linde Gas Algérie, rapportent encore nos sources. Cette situation a engendré un vaste mouvement de solidarité dans la zone industrielle de Reghaïa.

 En effet, des dizaines de syndicalistes d'autres entreprises publiques, notamment la SNVI et Sonacome, se sont déplacés jeudi dernier à Linde Gas Algérie pour apporter leur soutien aux travailleurs grévistes ainsi qu'aux délégués syndicaux, licenciés, estiment les cadres et travailleurs de cette entreprise, « abusivement ».

 Le plus préoccupant reste bien évidemment le risque de rupture de stock de l'oxygène dans les hôpitaux du centre du pays en cette période des grandes chaleurs, où les accidents de la circulation augmentent ostensiblement.

 Nous avons appris par ailleurs que le n°2 de l'UGTA, Salah Djenouhat, se déplacera demain dimanche dans cette unité pour essayer de dénouer la crise.

 Il est utile de rappeler que la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louiza Hanoune, avait dénoncé à maintes reprises, notamment au niveau de l'APN, la privatisation de cette entreprise dénommée EPE Gaz Industriel, avant d'être cédée par le Conseil des participations de l'Etat.

 Enfin, nous avons tenté jeudi de joindre par téléphone la direction pour écouter l'autre son de cloche, mais en vain. Malgré plusieurs tentatives, personne n'a répondu à nos appels.




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